Cela fait tellement longtemps que l’on attendait le retour triomphal du hérisson bleu que l’on hésitait à croire en ce Sonic Mania. Il faut dire que les fans sont tellement habitués au « Sonic Cycle » (voir ici), à peine entrecoupé par un Sonic Générations déjà très orienté fan-service, que le rêve pouvait sembler trop beau. Un Sonic à l’ancienne, tout en 2D, forcément il y aurait un problème. Les conséquences de la jurisprudence Sonic 4 qui a douché de nombreux fans en 2010. Il en est toutefois tout autre, et on vous explique pourquoi.
C’est un véritable retour aux sources. Un hommage aux heures glorieuses de la mascotte de Sega. Sonic Mania n’est pas un épisode à la pointe de la technologie visant à convertir de nouveaux fans. Non, il s’adresse directement aux fans d’antan. A ceux ayant connu les jours fastes de la Mega Drive et souhaitant retrouver les plaisirs de l’époque dans un épisode en 2D tout ce qu’il y a de plus classique. Le célèbre jingle « Segaaaa » grésillant, des graphismes 16 bits, Green Hill en premier niveau, on sent dès les premières secondes du jeu où l’on met les pieds. Mais le fan-service ne fait pas tout, il faut également que celui-ci soit de qualité et maîtrisé.
Un gameplay au conservatisme salutaire
Tout cela se ressent au niveau du gameplay, celui-ci étant tout simplement un melting-pot de ce que les épisodes 16 bits avaient de mieux à proposer. On retrouve ainsi les indémodables Sonic, Tails et Knuckles, chacun ayant gardé sa palette d’actions de l’époque. Au revoir les sauts téléguidés et autres éléments introduits avec les épisodes 3D, le feeling est exactement le même que celui des opus Mega Drive : Sonic court et se met en boule, Tails vole, Knuckles s’accroche aux parois. Seule petite nouveauté, Sonic a désormais la possibilité de repartir directement à toute vitesse après un saut.
Les niveaux ont également ces deux grilles de lecture typiques des épisodes 2D de la série. Celle où l’on fonce sans trop réfléchir en profitant de l’effet vitesse grisante merveilleusement bien reproduit et celle où, plus calmement, l’on part à la recherche des secrets et des multiples chemins proposés au joueur. Ces passages plus orientés plate-forme pâtissent une nouvelle fois de la maniabilité particulière de Sonic quand il s’agit d’avancer avec minutie. Satanée inertie. Les non connaisseurs râleront, les anciens aussi cela dit, mais c’est pour le coup totalement assumé pour un jeu qui revendique son héritage des épisodes 16 bits. Un conservatisme salutaire pourrait-on dire.
Des niveaux entre tradition et modernité
Si la plupart des niveaux sont des clin d’œils aux anciens opus (8 des 12 zones proposées sont tirées des épisodes Mega Drive et Mega CD), ces derniers ne sont pas pour autant de simples copies mais de totales relectures gardant l’esprit des niveaux d’origine. On retrouve ainsi Green Hill de Sonic 1, Chemical Plant de Sonic 2 ou encore Hydrocity de Sonic 3. La Zone 1 de Green Hill est par ailleurs incontestablement là pour jouer sur la corde nostalgique des joueurs, avec un départ identique à la version Mega Drive avant de totalement changer et de laisser libre court à l’imagination des développeurs de Headcannon et PagodaWest Games. Parmi les stages originaux, on pourra noter la présence de Studiopolis Zone, un niveau très réussi en mode flipper. Fan service oblige, des stages bonus inspirés de Sonic 3 et Sonic CD sont également présent, ces derniers permettant de récupérer les indémodables émeraudes du chaos. Les boss font également référence au passé et s’autorisent même des clins d’œil aux autres jeux Mega Drive. Affronter le Dr Robotnik lors d’une partie de Puyo Puyo est ainsi un vrai régal. On pourra toutefois relever que les boss ne sont pas particulièrement coriaces et qu’on peut y aller à la bourrin sans trop de risques durant la première moitié du jeu.
Une durée de vie plus que correcte
Avec deux stages par zones, cela donne un total de 24 niveaux à parcourir dans ce Sonic Mania. Un chiffre plus que correct, de surcroît magnifié par une durée des stages bien supérieur à celle des épisodes d’antan. Comptez entre 5 et 7 minutes pour les terminer sachant qu’un boss vous attendra à chaque fois à la fin. Au total, un habitué de la série pourra boucler le jeu en trois bonnes heures. Et encore, on parle ici d’une première session où l’on n’aura pas cherché à explorer la multitude de chemins proposés par le jeu. La difficulté progressive et plutôt bien maîtrisée devrait empêcher les nouveaux venus de rager avant environ la moitié du jeu. Parmi les à côté, Sonic Mania nous propose le classique mode Time Attack avec classement en ligne ainsi qu’un mode 2 joueurs en écran splitté comme à la bonne époque. De quoi rallonger amplement le plaisir de ceux ayant accroché au titre.
Un plaisir pour les yeux et les oreilles
Au niveau de l’affichage, c’est tout simplement resplendissant et les amoureux des Sonic Mega Drive seront aux anges. Graphismes en 16 bits pixel art retravaillés aux couleurs resplendissantes, scrolling horizontal qui a la patate, on est clairement devant une version +++ de ce que proposaient les jeux de l’époque. Plusieurs modes d’affichage sont également disponibles, permettant entre autre d’afficher ces fameuses scanlines propres aux téléviseurs cathodiques des années 90. Les musiques de Hyper Potions ne sont pas en reste et marchent à la perfection avec l’ambiance des Sonic d’origine. Tout comme les niveaux, ces dernières s’inspirent des mélodies d’origines sans tomber dans la copie facile. Tout ce qu’il faut pour émouvoir les petits cœurs tout serrés des anciens enfants des années 90.
C’est simple, Sonic Mania est à tous les niveaux une parfaite rencontre entre tradition et modernité. Ni bête copie des œuvres passées ni révolution, le jeu est une véritable déclaration d’amour aux fans de la série. Dire qu’après tant d’échecs de la part de Sega il aura juste fallu attendre que le destin du hérisson bleu soit confié à des développeurs fans de la licence pour enfin trouver un digne successeur à Sonic 3 et Sonic CD…