Dernière création en date de Nippon Ichi Software, Mad Rat Dead est un mélange entre jeu musical et action/plateforme où l’on doit aider un rat de laboratoire à assouvir sa soif de vengeance envers les humains. Assurément original, le titre sait-il pour autant se montrer convaincant une fois manette en main ?

Ce test de Mad Rat Dead a été réalisé sur une version Switch fournie par l’éditeur.

Les jeux musicaux sont décidemment à l’honneur en cet automne. Le 23 octobre sortait en effet Cadence of Hyrule, déclinaison dans l’univers de The Legend of Zelda de Crypt of the NecroDancer, rogue-like où le joueur doit déplacer son personnage en suivant le rythme de la musique. Disponible depuis juin 2019 sur le Nintendo eShop, le jeu développé par Brace Yourself Games a fait son apparition au format physique en ce début d’automne en intégrant au passage tous les DLC sortis jusqu’à présent. Une semaine plus tard, c’était cette fois au tour de Mad Rat Dead de débarquer avec son gameplay mélangeant action/plateforme et jeu musical. Développé par Nippon Ichi Software, le jeu est à l’image des nombreuses autres productions du développeur basé à Gifu. Original, déjanté, attachant mais également imparfait.

Un délice artistique et auditif

Déjanté, Mad Rat Dead l’est déjà rien que par son univers. Le joueur est en effet invité à incarner un rat mort et ramené à la vie pour une petite journée afin de pouvoir assouvir sa soif de vengeance envers les humains qui ont fait de lui un pauvre sujet d’expériences de laboratoire. Représenté dans une 2D « cartoon » certes simple mais au cachet incroyable avec des protagonistes qui ont de la gueule, le jeu montre une nouvelle fois tout le talent qu’a Nippon Ichi Software pour offrir des univers en deux dimensions terriblement accrocheurs. Même si cela reste accessoire vu le genre, le développeur a bien travaillé son univers en proposant un nombre conséquent de cut scenes narratives permettant de développer aussi bien l’histoire que la personnalité du rat. Avec à la clé une histoire aussi barrée que touchante et comportant de nombreux twists scénaristiques.

Reprenant la forme et les mécaniques d’un classique jeu d’action/plateforme vu de côté, Mad Rat Dead permet d’avancer, sauter, charger, plonger ou attaquer les ennemis, à la condition toutefois que toutes ces actions soient faites au rythme de ses battements de cœur, lesquels sont synchronisés à la musique et que l’on peut sentir dans la manette grâce à des vibrations. Même s’il s’agit d’un prérequis évident pour pouvoir prétendre devenir un bon jeu musical, la bande sonore est un des principaux points forts du jeu avec ses mélodies électro aussi variées qu’entrainantes. Pour s’y faire, Nippon Ichi Software a fait appel à Kazuya Takasu, le compositeur maison, ainsi que six autres artistes dont les noms risque de ne parler à un nombre extrêmement limité de personnes (a_hisa, Dyes Iwasaki, Camellia et trois compositeurs issus de Zizz Studio).

Traverser des niveaux d’un point A à un point B tout en se déplaçant au son de la musique, la proposition de Mad Rat Dead se veux aussi simple que ludique et force est de constater que la sauce prend la majeure partie du temps. Au nombre de 35 pour environ 5 à 7 heures de jeu, les niveaux sont relativement simples au début avant de voir leur difficulté monter au fur et à mesure pour atteindre des sommets une fois engagé dans la dernière ligne droite. Ennemis de plus en plus nombreux, pièges variés, le jeu en fait voir de toutes les couleurs et fait de Mad Rat Dead un titre hypnotique, une partie du cerveau devant appuyer au rythme de la musique tandis que l’autre se doit d’avancer de plateforme en plateforme en évitant le Game Over. Une issue malheureuse qu’il est cependant possible d’éviter grâce à la possibilité de remonter de revenir en arrière et retenter sa chance à l’occasion d’un passage complexe.

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Attention à la crise de nerfs

La limite entre jeu difficile et punitif est parfois flou, et Mad Rat Dead a cependant une fâcheuse tendance de basculer du mauvais côté de la balance. Entre les pièges impossibles à éviter lors d’un premier run et les attaques de boss impossibles à éviter quand on ne connait pas les pattern, le jeu est fortement basé sur le concept du die and retry qui consiste à mourir une fois, dix fois, cent fois, avant de comprendre enfin ce qu’il faut faire et enfin pouvoir avancer. Une orientation très frustrante qu’on a plutôt tendance à regretter étant donné qu’elle implique de couper trop fréquemment la progression et par conséquent également les musiques. De manière plus générale, Mad Rat Dead reste le fruit de deux gameplay qui ne se mélange pas toujours de manière totalement harmonieuse, rajoutant une couche de difficulté dont on se serait bien passé.

Difficile en effet de concilier sans heurts la nécessité de tenir un rythme et celle de sauter de plateforme en plateforme ou d’éviter un nuage d’ennemis fonçant vers soi. Comment également ne pas rager quand, en plein milieu d’un saut périlleux, le rythme de la mélodie change et fait que la prochaine action soit un échec plongeant notre rongeur au fin fond d’un ravin ? Même hors de toute situation critique (même si, dans l’absolu, chaque instant du jeu l’est plus ou moins), voir son rongeur pédaler dans la semoule en raison d’une rafale de rythmes manqués dû à une variation brusque de tempo donne parfois envie de balancer sa manette par la fenêtre quand en plus le compte à rebours pour terminer le niveau se rapproche dangereusement de son terme. Cardiaques, vous êtes prévenus. Pour vous, Mad Rat Dead devra se limiter à sa section « Sound Check » qui permet de profiter de ses excellentes musiques sans risquer de finir aux urgences.