Parmi la vague de remasters et autres joyeusetés que l’on connait depuis plusieurs années, il y a quelques fois des titres qui font leur retour sans que l’on sache vraiment pourquoi. Spin-off de la série Seiken Densetsu (connue chez nous sous le nom de Mana) sorti en 1999, Legend of Mana n’avait à l’époque pas connu un accueil incroyablement chaleureux car s’éloignant fortement des codes de la série. Pourtant, le voilà désormais de retour sur nos consoles de salon de 2021 avec, en plus, une série anime en cours de production. L’heure de gloire est-elle enfin arrivée ?
Ce test de Legend of Mana a été réalisé sur une version PlayStation 4 fournie par l’éditeur.
Pur Action-RPG signé Square-Enix, la série des « Mana » ne s’est jamais empêtrée de scénarios complexes. Après deux premiers opus linéaires (Mystic Quest et Secret of Mana), la série avait toutefois connu une évolution avec son troisième opus (Seiken Densetsu 3/Trials of Mana), celui-ci gardant certes une histoire assez simple mais éclatant sa narration de manière assez audacieuse pour l’époque. Avec ses six personnages et ses trois grands arcs scénaristiques, le jeu ne proposait certes pas une histoire ambitieuse mais poussait le joueur à y revenir plusieurs fois afin d’en découvrir les différentes histoires, celles-ci dépendant des personnages composant l’équipe. Quatre ans plus tard sortait sur PlayStation au Japon Seiken Densetsu: Legend of Mana, rebaptisé en Occident simplement Legend of Mana, un épisode non canonique même s’il fût longtemps considéré comme tel en dehors du Japon, en atteste la page Wikipédia considéré à la série. Mais qui dit jeu dérivé dit souvent prise de risque et expérimentation. Une approche qu’a totalement embrassée Legend of Mana en son temps avec une narration totalement éclatée. Un choix osé et allant à l’encontre des conventions habituelles du genre, ce qui lui avait valu de recevoir un accueil plutôt tiède.
Un jeu à la carte
Plus de vingt ans plus tard, se lancer dans Legend of Mana reste encore une expérience particulière. Passé une introduction expliquant vaguement son contexte (l’Arbre Mana, source de vie du monde de Fa’Diel, ayant dispersé son pouvoir convoité dans de multiples artefacts à travers le monde), le joueur se trouve sans explication aucune à devoir placer une boite aux lettres au beau milieu d’une carte totalement vide. Totalement livré à lui-même au moment de se lancer dans l’aventure en raison d’un niveau d’explications réduit à son strict minimum, on se retrouve donc à devoir comprendre par nous-même le fonctionnement de cette carte dont le positionnement des artefacts s’avère pourtant crucial du point de vue narratif. Car de la manière dont est façonné le monde dépend les histoires que l’on sera amené à vivre durant sa partie.
Contrairement à ses prédécesseurs, Legend of Mana est ainsi un jeu offrant une liberté quasi-totale. Chaque artefact donnant naissance à un lieu à visiter et l’ordre dans lequel on les obtient influant sur nos rencontres, aucune partie ne ressemble à une autre et deux personnes y jouant en même temps pourront arriver à l’épilogue sans avoir vécu les même évènements. Avec une soixantaine de petites histoires articulées autour de 3 arcs scénaristiques servant de fil rouge, le jeu offre ainsi au joueur la possibilité de créer son monde mais également son histoire. Une approche unique qui lui confère une très belle rejouabilité mais qui, en contrepartie, lui enlève ce souffle épique que l’on peut attendre en jouant à un « Mana ». A charge au joueur de ne pas décrocher et de mettre bout à bout les pièces de ce puzzle scénaristique, la curiosité et l’exploration étant certes récompensées mais ses actions n’ayant pas vraiment de sens la majeure partie du temps.
Une esthétique toujours aussi incroyable, des combats toujours aussi creux
Déjà resplendissant à l’époque, Legend of Mana n’a rien perdu de sa superbe malgré les nombreuses années qui se sont écoulées. Upscallé et lifté à la sauce HD, le jeu bénéficie de décors à l’esthétique incroyable qui ne laissent absolument jamais paraitre le fait qu’ils sont issues à l’origine d’un jeu PlayStation première du nom. Le style pixel-art des personnages pourra peut-être déranger mais s’intègre cependant relativement bien dans les décors même si on n’aurait pas craché sur une mise à jour des modèles. Superbe visuellement, le jeu l’est également du côté de sa bande-son avec des compositions signées Yoko Shimomura qui ont été entièrement réorchestrées pour l’occasion. Les puristes et autres nostalgiques seront cependant quant à eux heureux du choix qui leur est permis de choisir à la place les compositions d’origine.
Passé ce coup de polish esthétique, ce remaster de Legend of Mana est finalement très chiche en nouveautés et améliorations si ce n’est une traduction très appréciable en français. Les combats auraient cependant bien eu besoin d’une refonte en profondeur afin d’avoir un minimum d’intérêt. Malgré les différentes classes et armes à disposition, les affrontements n’offrent aucune subtilité et il suffit de mitrailler un bouton et d’esquiver de temps à autre pour en arriver au bout, sachant que la remise à 100% des HP lorsque le dernier ennemi est vaincu n’invite pas vraiment à la stratégie. Se déroulant en temps réel, les combats sont également très brouillons avec des hitbox assez nébuleuses. Difficile dans ces conditions d’être transcendé à l’idée d’affronter un groupe d’ennemi et les moins patients auront vite fait de choisir l’option « combats automatiques » (sauf contre les boss) afin de se concentrer uniquement sur l’exploration.
On aurait également apprécié qu’un effort soit fait pour réduire les temps de chargements et la progression au sein des villes. Celles-ci sont en effet divisées en plusieurs zones de taille réduite et le passage de l’une à l’autre implique de passer par un écran de chargement. Sachant qu’en plus il est obligatoire de passer par chaque zone se trouvant sur le chemin pour aller d’un point A à un point B, traverser une bourgade de bout en bout s’avère particulièrement lourd, surtout quand on est en phase de découverte.