En adaptant Hokuto no Ken à la sauce Yakuza/Ryû ga Gotoku, Fist of the North Star : Lost Paradise avait tout pour faire rêver n’importe quel amateur de pop-culture japonaise. Sur le papier, tout du moins. Car dans la pratique, le titre risque de décevoir à la fois les fans du manga de Tetsuo Hara et ceux de Kiryu Kazuma.

Ce test de Fist of the North Star : Lost Paradise a été réalisé sur une version fournie par l’éditeur.

L’annonce de Hokuto ga Gotoku, renommé Fist of the North Star : Lost Paradise en Occident, avait surpris son monde en août 2017. Faire un jeu Hokuto no Ken en le basant sur le gameplay de la série des Yakuza, l’idée semblait tout autant saugrenue que coulant de source quand on connait l’appétit de Kiryu Kazuma pour régler les conflits avec ses poings. Sega et le Yakuza Studio ayant atteint une forme d’apogée avec les excellents Yakuza 6 et Yakuza Kiwami 2, tous les feux étaient donc au vert pour que cet improbable cross-over soit un formidable hommage au manga à l’occasion de son 25ème anniversaire.

Un jeu respectueux de Hokuto no Ken…

Fist of the North Star Lost ParadiseLes premières minutes de Fist of the North Star : Lost Paradise mettent directement dans le bain. Après quelques affrontements en guise de tutorial, Kenshiro se livre à un combat dantesque avec Shin qui lui apprend, peu avant de rendre son dernier souffle, que sa bien aimée Yuria est malheureusement décédée. Convaincu que son âme sœur est toujours bien en vie, Kenshiro va errer dans le désert jusqu’à ce qu’il apprenne que celle-ci serait toujours vivante et se trouverait dans une ville du nom d’Eden. Arrivé sur place, notre héros se retrouve face à une véritable citadelle fortifiée où l’entrée n’est réservée qu’à de rares élus. Car au beau milieu de ce désert post-apocalyptique, Eden faire figure de véritable oasis et attire à elle tous ceux souhaitant un avenir plus prospère, soit grosso modo tout le monde. Pas de quoi refroidir Kenshiro qui va aller jusqu’à se faire délibérément emprisonner pour arriver à passer derrière ces murs infranchissables. Le début d’une aventure qui va prendre des proportions insoupçonnées pour celui qui ne cherche finalement qu’à retrouver sa dulcinée.

Plutôt que d’adapter simplement un passage précis du manga, le Yakuza Studio a opté pour la relecture de Hokuto no Ken en proposant une histoire originale n’entrant aucunement de la chronologie de la saga. Les personnages principaux sont là et certains lieux comme la Prison de Cassandra répondent également présent pour titiller la corde sensible des fans. De nouveaux protagonistes sont également au menu et s’incorporent plutôt harmonieusement au casting de l’oeuvre d’origine. De manière générale, Fist of the North Star : Lost Paradise retranscrit de manière assez fidèle l’ambiance du manga avec son esthétique travaillée oscillant entre le cartoon et le réaliste. C’est gore, c’est sale, les combats sont terriblement violent et des litres de sang vole partout au moindre coup. Dommage toutefois que la technique ne suive pas, le jeu tournant sur le vieux moteur du studio alors que le Dragon Engine nous en mettait plein la vue avec Yakuza Kiwami 2 et Yakuza 6. On accordera également une mention spéciale aux doubleurs de la série Yakuza qui ont fait de l’excellent travail et la greffe de voix entre Kiryu Kazuma et Kenshiro se fait finalement de manière très naturelle. Passé la surprise des premiers dialogues, le timbre de Takaya Kuroda se révèle convaincant même si le jeu d’acteur ne varie pas d’un poil comparé aux jeux Yakuza.

Fist of the North Star Lost Paradise

…. mais pas de la série Yakuza

Respecter la licence d’origine est certes une bonne chose, mais encore faut-il que le gameplay suive pour faire de Fist of the North Star : Lost Paradise un réel bon titre à part entière. Malheureusement pour lui, le jeu se révèle largement décevant sur ce point et ne serait tout simplement qu’un mauvais jeu Yakuza si on lui enlevait tout l’enrobage Hokuto no Ken qui lui permet de faire illusion quelque temps. Plutôt grande sur le papier, l’air de jeu se résume en fait qu’à une minuscule cité d’Eden composée d’une poignée de rue et à un grand, bien trop grand, beaucoup trop grand désert totalement vide où les seules activités se résument à casser quelques nuques et à récupérer des accessoires pour crafter votre véhicule. C’est vide, c’est inutile, c’est moche, et pas agréable à traverser pour un sou en raison de l’inertie folle dont souffre votre bouzin motorisé. Hormis quelques passages obligatoires chez le garagiste pour pimper votre buggy, impliquant de fastidieuses virées dans le désert à tourner en rond pour récupérer du caoutchouc ou des vis (joie !), l’utilisation de ce dernier se résume finalement à de rapides et pas si nombreux allers-retours faisant se questionner sur l’intérêt d’implémenter une zone désertique de cette envergure dans le jeu.

Fist of the North Star Lost ParadiseL’essentielle de l’aventure se déroule donc dans la cité d’Eden, ses quelques rues, sa poignée de magasins, et ses quelques activités annexes rappelant que l’on a tout de même affaire à un spin-off de Yakuza. Notre héros pourra ainsi devenir au choix barman, gérant de barre à hôtesses, chasseur de primes ou bien encore joueur de baseball, si on peut toutefois nommer ainsi le fait de dégommer du motard avec des poutres en béton. Comme un clin d’œil, une borne d’arcade est également planquée dans le désert et se révélera à ceux ayant la foi de mener à bien la quête annexe permettant de la découvrir perdue dans le désert. Les plus courageux, ou masochistes selon le point de vue, pourront également se lancer dans des courses de buggy. Mais contrairement à Yakuza où ces escapades en plein feu de l’action se marient merveilleusement bien à l’univers du jeu, la mayonnaise ne prend pas vraiment dans Fist of the North Star : Lost Paradise. Pas vraiment fun pour la plupart, ces mini-jeux donnent finalement un peu l’impression d’avoir été inclus au forceps dans un univers qui ne les demandaient pas vraiment.

Reste les phases de baston, seule véritable point où l’alchimie entre les deux licences prend plutôt bien. Les combats sont tout en puissance, le sang gicle, et le système a été astucieusement adapté afin de prendre en considération les fameux points de pression permettant de faire exploser votre adversaire d’un coup de QTE bien placé. Plutôt basique au départ, la palette de coups de Kenshiro va s’étoffer au fil des affrontements en utilisant à bon escient des orbes durement obtenues grâce à un système de sphérier que l’on croirait tout droit sorti d’un J-RPG. Pas de quoi transfigurer pour autant le déroulement des combats qui se révèle quand même bien redondant et laissant globalement la porte ouverte à du bourrinage massif sans grande subtilité. Bref, c’est pas la folie furieuse, mais ça fait le taf convenablement, et c’est bien le plus important. Mais noyé au milieu d’un scénario au final anecdotique, cela risque de ne pas suffit à tout le monde pour ne pas lâcher Fist of the North Star : Lost Paradise malgré sa durée de vie ne dépassant pas la grosse douzaine d’heures en ligne droite.

Fist of the North Star Lost Paradise
Fist of the North Star : Lost Paradise (PS4)
Note des lecteurs0 Note0
Les plus
Un mariage improbable...
Les combats tout en puissance
L'esthétique générale du jeu
L’univers de Hokuto no Ken bien retranscrit
Les doubleurs de la série Yakuza font du beau boulot
Les moins
... qui ne prend pas vraiment
Techniquement dépassé
Les phases de jeu en buggy
Le désert, immense de vide
La ville est minuscule
Scénario anecdotique
Bien court
5
Moyen
En deux mots
Si la série des Yakuza n'existait pas, Fist of the North Star : Lost Paradise aurait probablement pu prétendre au titre de jeu honnête. Seule problème, c'est justement parce que la série en question existe que ce cross-over improbable a pu voir le jour. Et quand deux titres du calibre de Yakuza 6 et Yakuza Kiwami 2 ont déjà fait leur apparition en début d'année, l'inévitable comparaison s'annonce sanglante. Si l'univers de Hokuto no Ken est reproduit avec soin, le jeu donne l'impression de jouer à une version Eco+ d'un Yakuza où l'immensité d'un désert vide de sens contraste avec la taille ridiculement petite de la ville d'Eden, cadre principale de l'aventure. Sans être véritablement mauvais, Fist of the North Star : Lost Paradise n'excelle nulle part et ne doit sa saveur qu'à l'incorporation de l'univers imaginé par Tetsuo Hara.