Initialement prévu pour sortir en 2011 sur PlayStation 3, Disaster Report 4 : Summer Memories n’a finalement vu le jour qu’en novembre 2018 sur la génération de console suivante en raison du terrible tremblement de terre ayant frappé le japon en mars 2011. Un an et demi plus tard, il est enfin temps pour le public occidental de découvrir cet OVNI venu du Japon, mais également d’un passé peut-être un peut trop lointain désormais.

Ce test de Disaster Report 4 : Summer Memories a été réalisé sur une version Switch fournie par l’éditeur. La démo de la version PS4 a été lancée pour juger de la technique de cette version.

Niveau timing, il était difficile de faire pire. Annoncé sur PlayStation 3 pour le 10 mars 2011 avant d’être reporté au printemps, sans plus de précision, de cette même année, Disaster Report 4 : Summer Memories a subit de plein fouet le terrible tremblement de terre du Tohoku ayant frappé le nord du Japon le 11 mars 2011. Impossible en effet de sortir dans un tel contexte un jeu de survie prenant place dans une ville japonaise ravagée par un énorme séisme alors que des milliers de victimes étaient encore pleurées dans les foyers nippons. Trois jours après la catastrophe, la vente du jeu fût ainsi tout simplement annulée et disparu de longues années jusqu’à ce que Granzella annonce en 2015 son come-back sur PlayStation 4. Sorti en 2018 au Japon sur la console de Sony, avant un portage sur Switch un an plus tard, Disaster Report 4 : Summer Memories vient enfin de sortir de l’archipel pour investir nos consoles occidentales. L’occasion de découvrir de nos propres yeux un jeu aussi bancal que les immeubles qui le composent.

Escape Game dans un Japon apocalyptique

Survivre et s’enfuir. Voilà comment résumer en une poignée de mot ce que propose Disaster Report 4 : Summer Memories. Après avoir modelé votre personnage et avoir subit un accident de bus suite au séisme, votre simple et unique but se résume à avancer dans les rues de cette ville factice tout en évitant de ne pas finir écrasé par un immeuble ou déchiqueté par une explosion. Une proposition simple mais qui a son charme surtout quand le tout est traité avec un côté « série B » où les secousses s’enchaînent à un rythme improbable avec des immeubles s’effondrant à chaque coin de rue. Une fois votre bus sur le dos et votre périple lancé, un premier sentiment saute à la gorge, quasiment immédiatement. Que dois-je faire ? Où dois-je aller ? Disaster Report 4 : Summer Memories n’offre aucune indication au joueur sur ce qu’il doit faire et le pousse ainsi à tâtonner, à explorer, à se débrouiller. Un sentiment de perte de repère des plus naturelles dans pareille situation mais que l’on ressent dans le jeu pour de mauvaises raisons.

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Si vous étiez au beau milieu d’un carrefour entouré d’immeubles effondrés et de véhicules bloquant la route, que feriez-vous pour avancer ? Peut-être grimper sur le tas de gravier là-bas pour poursuivre votre chemin ? Mais pas dans Disaster Report 4 : Summer Memories. Les étapes pour sortir des micro-zones qui composent l’aire de jeu sont à la fois aussi improbables qu’absurdes et il faudra, par exemple, trouver un rouleau de papier toilette et le donner à la personne adéquate pour enchaîner une suite d’événements débouchant sur un nouveau séisme ouvrant un nouveau passage. Résultat, on se retrouve à courir dans tous les sens dans l’espoir de voir enfin une cut-scene se lancer, synonyme de quête à remplir pouvant faire avancer l’histoire. Pour le côté survie et système D, on a connu plus palpitant. Certains passages ne vont également s’ouvrir que lorsqu’on va passer, mais uniquement au bon moment, près d’un bâtiment qui va s’effondrer sur nous sans prévenir. A moins d’être devin, le game over est généralement assuré ce qui donne une sensation de die and retry assez pénible par moment.

Les paragraphes du dessus ayant beau être particulièrement à charge, tout n’est pas non plus raté dans Disaster Report 4 : Summer Memories. Malgré ses défauts, le titre de Granzella arrive à dégager un petit quelque chose qui fait qu’on a envie de poursuivre malgré tout. Tout du moins pendant un temps. Sûrement son côté typiquement nippon, mélangeant à la fois une touche de réalisme (le Bureau des sapeurs-pompiers de la ville de Kobe a été mis à contribution pour imaginer des situations) et une grosse dose de « WTF ». La présence d’un système de choix, plutôt intéressant, offre également des conséquences plus ou moins inattendues au joueur à moyen ou long terme en fonction de ses actions. Pas de quoi changer la face du jeu, mais assez pour apporter une légère brise de fraîcheur au milieu d’un gameplay qui set franchement le renfermé.

Disaster Technique

Plutôt bancal sur le fond, Disaster Report 4 : Summer Memories l’est pour le coup totalement en ce qui concerne sa forme. Tel un stigmate de ses racines remontant au début de la décennie, le jeu souffre de graphismes d’une autre époque que même la PlayStation 3 n’aurait pas affichés avec fierté. Passerait encore si cette technique venu tout droit de temps immémoriaux n’avaient que pour seul impact de gâcher le plaisir de nos yeux de 2020 habitués à la 4K, mais les répercussions atteignent même l’ambiance même du jeu qui perd une grande partie de son intensité. Alors que la panique devrait être totale, tout est immobile, tout est figé, les corps comme les expressions. Et quand une autoroute s’écroule sur des dizaines de personnes, les corps se retrouvent plaqués au sol, alignés à la perfection, mais personne ne semble rien à redire autour. Ni même le personnage que l’on incarne quand on se met à faire un jogging entre les dépouilles. Un manque de vie difficilement oubliable pour un jeu censé nous immerger dans une ville soumise à une catastrophe sans pareil.

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Sur Switch, la version qui a servie de base à ce test, le résultat est pour le coup proche de la catastrophe industrielle. Passe encore la résolution à la limite de l’acceptable, et ce même en dockée. Ce n’est pas comme si Disaster Report 4 : Summer Memories était flamboyant sur PS4 et on commence à être habitué du downgrade obligatoire pour tourner sur Switch. Mais l’animation est pour le coup catastrophique et le jeu est pratiquement injouable par moment quand la console de Nintendo est utilisée en mode portable. A ce stade là, on n’est plus face à une chute de framerate mais carrément face à un trou noir qui ne laisse s’échapper que quelques images l’espace d’une seconde. Les temps de chargements sont également d’une longueur incroyable et peuvent durer parfois jusqu’à plusieurs dizaines de secondes. Quand ce n’est pas tout simplement le jeu qui se met à geler sans raison. Autant de raison qui pousseront les curieux et les amoureux de la série à privilégier sans aucun regret la version PlayStation 4, et si possible à petit prix.