Délicieux mélange entre puzzle-game et jeu narratif ayant marqué la génération PS3/Xbox 360, Catherine est revenu l’année dernière sur PlayStation 4 et PS Vita enrichi de nombreuses nouveautés. Intitulée Catherine Full Body, cette version ultime du jeu développé par Atlus débarque en ce début d’été sur Nintendo Switch. L’occasion parfaite de se (re)plonger dans cet OVNI vidéoludique aussi original que réussi.
Ce test de Catherine Full Body a été réalisé sur une version fournie par l’éditeur.
Il y a dans Catherine, fantastique jeu sorti au tournant des années 2010 sur la précédente génération de consoles, quelque chose d’unique. Pris froidement, le jeu développé par Atlus est un puzzle-game génial où un personnage doit se frayer un chemin jusqu’en haut d’une pyramide de cubes en les déplaçant tout en évitant de prendre trop son temps, le sol s’effondrant sous ses pieds petits à petit. Pris avec son enrobage, le titre se transforme en un récit sur la difficulté de l’être humain a accepter sa condition d’adulte. Pour cela, le joueur est ainsi invité à incarner un certain Vincent Brooks, trentenaire lambda qui n’ose pas s’engager sérieusement avec sa copine de plusieurs années et qui va se réveiller un beau matin, et après une nuit de cauchemars où il devait gravir la fameuse montagne de cubes en question, aux côtés d’une magnifique blonde incarnant son idéal féminin… Entre Katherine, la pompom girl fantasmée des années facs devenue terre à terre et Catherine, blonde hyper-sexualisée représentant ce que son couple actuel n’est plus, vers qui Vincent va-t-il porter son dévolu ? A moins que Rin, nouveau personnage de cette version Full Body, viennent apporter son grain de sel ?
Un excellent puzzle-game au décorum incroyable
Chaque nuit, cet éternel adolescent qu’est Vincent va ainsi devoir vivre le même cauchemar, encore et toujours : celui d’escalader une montagne de cubes où la moindre chute amènerais au décès pur et simple dans la vraie vie. Dans l’absolu, ces casse-tête n’ont rien de vraiment originaux. Pour monter, notre homme en caleçon devrait ainsi tirer, pousser, déplacer ces cubes pour créer des escaliers ou des passerelles afin de se frayer un chemin jusqu’aux cimes. Le tout en évitant les pièges postés ci et là, comme les revêtements fait de glaces, synonymes de grosse glissade, les cubes qui se détruisent quand on reste trop longtemps dessus ou encore ceux qui explosent. Cette version Full Body intègre d’ailleurs un mode Remix, nouveauté qui remplace les traditionnels et classiques cubes par des formes plus complexes. Loin d’être un simple bonus anecdotique, cette nouvelle manière d’aborder l’escalade apporte de la fraîcheur aux énigmes en démultipliant les manières de les aborder et rajoute une couche de complexité à un jeu déjà pas bien facile à la base. La possibilité de revenir en arrière, bien que l’usage de cette option soit limité, s’avère ainsi de nombreuses fois salutaire pour s’extirper de bourbiers insolubles dont on ne trouve pas la sortie. Mais également, et c’est moins glorieux pour le jeu, pour réparer une erreur engendrée par son ergonomie perfectible.
Pris comme un simple puzzle-game, Catherine Full Body est déjà un titre extrêmement plaisant à jouer. Mais ce qui fait toute la saveur du jeu, ce qui en fait un titre vraiment à part et incroyable, c’est bien évidemment son ambiance, son décorum. Gravir une montagne et se frayant un chemin ? Rien de bien neuf. Mais qui l’a fait en incarnant un personnage en caleçon, armé d’un simple oreiller, et qui de surcroît doit fuir chaque nuit une représentation de ses pires phobies comme le mariage ou la paternité ? Du jamais vu, que ce soit à la sortie du jeu d’origine en 2011 ni même maintenant. Qu’un jeu porte un véritable propos n’est pas forcément quelque chose de courant, mais quand en plus ce message est porté par un genre qui en temps normal se suffit à lui-même et ne déroule aucune histoire, il fallait y penser, oser le faire, et surtout le réussir. Ce qui est fait avec brio.
Quand le triangle amoureux devient carré
Entre les phases de puzzle, Catherine Full Body se transforme presque en une sorte de visual novel où le joueur pourra contrôler Vincent dans son bar favori et, surtout, orienter son destin en fonction de ses choix moraux. Le jeu est ainsi parsemé de moments où la morale de notre escaladeur en caleçon va être jugée et chaque chaque niveau terminé sera l’occasion pour lui de subir un interrogatoire dans une sorte de confessionnal. A chacune de ces questions portant sur la vision que l’on se fait de la vie de couple, une jauge apparaît et va s’oriente soit du côté « ange », soit du côté « démon ». Sans conséquence immédiate, cette jauge est cependant l’élément principal qui va déterminer les multiples fin du jeu et, par conséquent, l’avenir de votre relation sentimentale entre les deux jeunes femmes. A moins que Rin vienne mettre son grain de sel…
Personnage original de cette version Full Body, Rin apporte un vent de fraîcheur au jeu en s’y intégrant harmonieusement tout en apportant un nouveau type de tentatrice à laquelle Vincent devra résister. Ni femme fatale comme Catherine ni caricature de l’épouse/future mère terre à terre qu’est Katherine, Rin est douce, attentionnée, et apporte avec elle une nouvelle thématique basée sur la question des apparences et leur acceptation. Un personnage qui s’écarte de la vision assez binaire de la femme qui était proposée dans le jeu d’origine et qui faisait du sexe féminin uniquement une source de stress et de tourments. Même si cela n’empêche pas la petite nouvelle de révéler bien des surprises. Comme un symbole, son scénario et les épilogues qui vont avec se débloquent en faisant exploser la jauge ange/démon en répondant correctement à plusieurs questions stratégique distillées au fil du jeu puis à un interrogatoire final. De quoi ajouter encore plus de replay value à un titre qui n’en manquait déjà pas,
Pour conclure, un petit mot enfin sur cette version Switch. Sans surprise, le jeu s’avère moins fin que sur PlayStation 4 même si, honnêtement, on n’y remarque quasiment que du feu vu que Catherine Full Body n’est pas non plus le genre de jeu poussant la console dans ses derniers retranchements. Côté jeu nomade, le résultat est également convaincant et le traditionnel downgrade graphique n’a en tout cas rien de bien choquant. Surtout lors des phases d’escalades où on n’a pas vraiment le temps de contempler les graphismes.