Takkyu Ishino, compère de Pierre Taki au sein du groupe Denki Groove, a posté sur Twitter à la fin avril une photo de lui et de son ami. Une photo tout ce qui a de plus banal mais qui a eu le don d’exaspérer les autorités japonaises.
Une photo toute simple. Sans message particulier, sans revendication, sans critique, sans rien. Uniquement deux amis heureux se tenant dans les bras et heureux de se retrouver après que l’un d’entre eux, Pierre Taki, ait été arrêté puis incarcéré pour une histoire de consommation de cocaïne. Et pourtant, elle a le don de particulièrement exaspérer au sein des autorités japonaises. Si la photo n’a en soi rien de répréhensible, c’est le nombre important de like (près de 360,000) qui met les forces de l’ordre en émoi, celui-ci étant pour elles le symbole d’une morale publique qui s’effondrerait. Car si au Japon la justice civile est une chose, la justice morale en est une autre et s’avère tout aussi importante que la première, impliquant de facto une sanction d’ordre sociale. Alors quand en plus on est une célébrité…
Immédiatement après son arrestation et avant même tout jugement, Pierre Taki avait ainsi subi de plein fouet une punition radicale de la part de la société nippone : sa disparition pure et simple de l’espace public et médiatique. Judgment, le jeu où il donnait sa voix et ses traits au personnage de Kyohei Hamura ? Retiré de la vente dès le lendemain avant que le personnage soit totalement retravaillé. Les contrats publicitaires liant Denki Groove, donc également son collègue n’ayant rien à se reprocher ? Résiliés sur le champs. Les chansons du groupe ? Supprimées de plusieurs plateformes. Une plaque commémorative en l’honneur de l’artiste dans sa région natale ? Retirée dans la foulée des révélations.
Ancienne idole, l’homme a fauté. Il ne doit donc rien rester de Pierre Taki, sous peine de faire la promotion des comportements jugés déviants et anormaux. Telle est donc en substance la position partagée au sein de la police nippone ainsi que du département en charge des drogues rattaché au Ministère de la Santé. Selon des sources s’étant confiées au site Tokyo-Sport, l’afflux massif de like sur cette photo serait ainsi vu comme le symbole d’une société à la dérive où un criminel pourrait « retourner à sa vie quotidienne comme si rien ne se serait jamais passé ». Un laxisme qui pourrait « inciter les jeunes à se lancer dans des activités criminelles » étant donné que « les criminels pourraient commettre des méfaits et s’en sortir comme ça ».
Une vie d’ascète et de contrition, à l’écart de la société. Voilà donc ce qu’il devrait en coûter selon les autorités japonaises pour avoir consommé de la drogue. Par contre, cela ne pose visiblement aucun soucis pour qu’un mangaka reprenne ses activités après avoir été arrêté pour détention d’une quantité affolante de vidéos pédopornographiques.