Alors que Yakuza Kiwami 2 et Fist of the North Star : Lost Paradise vont faire leur apparition en France dans les prochains mois, Daisuke Sato (producteur des deux titres et directeur du Ryû ga Gotoku Studio) et Takaya Kuroda (doubleur de Kazuma Kiryu dans les jeux Yakuza et de Kenshiro dans Fist of the North Star : Lost Paradise) étaient présents à Japan Expo pour assurer la promotion des deux titres et répondre aux questions des médias. Vingt minutes d’entretien passées à une vitesse folle.

Un grand merci à Koch Media pour l’organisation de cet entretien.

Interview de Daisuke Sato et Takaya Kuroda

Comme décririez-vous la série à ceux qui voudraient la découvrir avec les épisodes Kiwami ?

Daisuke Sato : Si on devait décrire Yakuza en quelques mots, je dirais que c’est une série qui accorde beaucoup d’importance à son histoire et se déroulant dans le Japon contemporain.

A l’origine, Yakuza est une série que l’on imagine destinée à un public à la fois adulte et japonais. Que pensez-vous du boom de popularité de la série en occident depuis Yakuza 0 et Yakuza Kiwami ?

Daisuke Sato : Comme vous l’avez bien défini, l’objectif de départ était vraiment de viser les hommes japonais adultes et nous n’avions pas spécialement l’intention que le jeu soit joué par des femmes ou des enfants. En réalité, l’objectif n’a pas vraiment changé aujourd’hui et notre cible reste relativement la même qu’aux débuts de la série. Toutefois, nous nous sommes rendu compte au fur et à mesure que beaucoup de femmes y jouaient également ainsi qu’un public assez jeune, même si le jeu est interdit en dessous d’un certain âge en raison de sa violence. Le résultat de plusieurs enquêtes nous a ainsi appris que beaucoup d’enfant de 14 ans avaient déjà eu l’occasion de jouer au jeu. En fin de compte, on s’est retrouvé à toucher une cible beaucoup plus large que celle prévue.

Nous avons dès le départ eu la volonté de localiser le jeu en anglais, et même de le doubler en anglais pour le premier opus, afin de permettre aux personnes intéressées par la culture japonaise de profiter du jeu. Par la suite, on s’est rendu compte petit à petit qu’il y avait un intérêt pour la série en dehors du Japon. Concernant le succès croissant de la licence depuis Yakuza 0, il s’agit également d’une question structurelle. A cette époque, Sega s’est associé avec Atlus afin d’accroître sa communication auprès du public occidental en raison du succès d’Atlus à l’étranger dans sa façon de communiquer et de vendre des jeux japonais. Nous avons donc bénéficié du savoir faire d’Atlus pour que la série puisse bénéficier du succès qu’elle méritait à l’international.

interview takaya kuroda daisuke sato yakuzaVous (Takaya Kuroda) êtes connu à l’international essentiellement pour votre interprétation de Kazuma Kiryu dans les jeux Yakuza mais vous avez également une longue carrière en tant que doubleur d’anime. La manière de travailler est-elle la même ? On imagine que tout est beaucoup plus décousu dans un jeu vidéo, surtout dans un titre offrant autant de liberté que Yakuza.

Takaya Kuroda : La principale différence vient du fait qu’un anime implique des contraintes de rythme étant donné qu’il faut coller exactement aux images que l’on voit à l’écran ainsi qu’aux animations labiales. Le jeu vidéo offre beaucoup plus de liberté car on ne se base pas sur ce qu’il y a à l’écran mais juste sur un script. Cela offre beaucoup de liberté pour l’exprimer, que ce soit les intonations ou le rythme, bien plus que pour un dessin animé.

Après plus de 10 ans à incarner Kiryu, n’avez-vous (Takaya Kuroda) pas peur que l’on résume votre voix à « c’est celle de Kiryu » ? A être enfermé dans un rôle ?

Takaya Kuroda : En fait je suis vraiment prisonnier de ce rôle (rires). Mais c’est un peu malgré moi. Le rôle de Kiryu m’a permis d’être reconnu un peu partout. Dès que je sors, que ce soit pour faire mon plein d’essence, des courses, ou même quand on vient réparer quelque chose chez moi, il arrive souvent que l’on me reconnaisse et qu’on me demande si je suis bien Kiryu Kazuma. Cela me met une pression supplémentaire car je dois faire attention à ne pas dénaturer le personnage de Kiryu et que mon comportement personnel ne détériore pas l’image de ce personnage tant respecté. Je fais donc très attention à mon attitude et j’adresse toujours un mot gentil aux personnes qui me reconnaissent.

A l’époque de Yakuza 2 sur PS2 vous (Daisuke Sato) occupiez le rôle de Art Director et désormais vous avez la fonction de Producer pour ce remaster. A part la technique, y’a-t-il eu des points que vous avez souhaité modifier ou améliorer à cette occasion ?

Daisuke Sato : Hummm… (il réfléchit). Les choses ont grandement évolué en dix ans. J’étais effectivement designer à l’époque de Yakuza 2. Aujourd’hui, en tant que producteur, j’ai essayé d’apporter beaucoup de choses mais en dix ans nous avons également créé beaucoup de jeux et j’ai pu inclure dans les jeux sortis entre temps, que ce soit Yakuza 3, Kenzan ou Isshin, ce que je voulais apporter à l’époque de Yakuza 2. Je n’avais donc pas spécialement d’idées que je souhaitais spécialement inclure dans Yakuza Kiwami 2. Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai une équipe dévouée qui a donné le meilleur d’elle-même sur Kiwami 2. Le titre lui-même qui veut dire « Extrême » ou « Ultime » et il se devait ainsi de respecter ses promesses. Je pense qu’on est arrivé, avec le Ryû ga Gotoku Studio, à travailler de façon optimale pour proposer les meilleures choses.

L’idée de la collaboration entre les séries Hokuto no Ken (Ken le Survivant) et Yakuza est-elle venue du Ryû ga Gotoku Studio ou des ayants droit ?

Daisuke Sato : Pour revenir sur la genèse de la collaboration, c’est tombé à un moment particulier car, après dix ans de Yakuza, nous avions eu l’occasion d’expérimenter de nombreuses choses. Il y a eu un spin-off avec des samouraïs, un autre avec des zombis… Nous avons exploré de nombreuses pistes mais ça restait toujours enfermé dans l’univers des yakuzas. Nous cherchions ainsi de nouvelles pistes, à se lancer de nouveaux défis, quand nous avons eu l’opportunité de collaborer avec Hokuto no Ken. La série fête cette année ses 35 ans et les ayant-droits cherchaient à multiplier les partenariats. Nous avons profité de l’occasion car nous cherchions vraiment à faire quelque chose de nouveau.

Les passionnés de manga et d’animation sont souvent très exigeant dès que l’on touche à leur série ou leur personnage fétiche. Dans Fist of the North Star : Lost Paradise, c’est vous (Takaya Kuroda) qui doublez le personnage de Kenshiro. Était-ce une pression particulière et avez-vous appréhendé l’accueil des fans de Hokuto no Ken ?

Takaya Kuroda : Au tout début, j’avais conscience de cette pression tout particulière exercée par les fans et plus précisément par ceux un peu hardcore qui ont tendance à critiquer les nouveaux arrivants sur les séries. Sauf qu’au fur et à mesure, je me suis rendu compte que Hokuto no Ken est une série ayant vu passer nombre de doubleurs et mis à part le premier qui a installé l’image du personnage, tous ceux qui lui ont succédé ont été critiqués car ils ont tous essayé de copier le style du premier Kenshiro. Je me suis donc dit que ce ne serait pas la bonne voie à suivre et qu’il fallait mieux se mettre en dehors de tout ça et que quitte à se faire taper dessus par les fans, autant interpréter Kenshiro de manière à pouvoir exprimer ce que je ressens. C’est pour cela que je me suis totalement détendu sur la question. Je me suis dit que j’allais le faire à ma façon et que si jamais les fans étaient amenés à me critiquer, au moins j’aurais été fidèle à moi-même.

Quelle a été votre ressenti quand vous avez appris que vous alliez incarner Kenshiro, l’un des personnages les plus emblématiques de l’univers du manga/animation ?

Takaya Kuroda : J’ai été vraiment très heureux d’apprendre que j’étais sélectionné pour faire la voix de Kenshiro. La grande différence par rapport à Yakuza, c’est que Yakuza n’était pas une oeuvre connue mais qui a vu sa notoriété grandir au fur et à mesure. Là, quand on m’a proposé d’incarner Kenshiro, c’était quelque chose de fort car c’était déjà un personnage connu et que je savais par conséquent qu’il y aurait beaucoup d’attente autour de cette licence. Mais d’un autre côté, j’ai décidé d’interpréter le personnage à ma manière et j’ai été extrêmement fier d’incarner ce personnage.