Loin des récits habituels sentant bon l’eau de rose ou retraçant des passages historiques, Versailles of the Dead innove en plongeant le plus célèbre des châteaux français dans une sombre histoire de zombies. Mais loin d’être un banal récit d’horreur, le manga signé Kumiko Suekane s’avère plus profond qu’on aurait pu le penser.


versailles of the dead

Synopsis

France, 18e siècle, juste avant la Révolution française. Marie Antoinette, a été fiancée à Louis XVI et doit devenir la prochaine reine de France. Malheureusement, sur la route qui la mène à Versailles, sa voiture est attaquée par un groupe de zombies. Son frère jumeau, Albert, est le seul survivant. Albert décide de prendre la place de sa sœur. Une nuit, deux silhouettes se faufilent, dague à la main, dans la chambre à coucher de « la nouvelle venue » à la cour. Sauf que leur cible leur oppose une résistance farouche et… surnaturelle…

Versailles of the Dead est édité chez Kana et est vendu au prix de 7,45€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


Quand on parle « manga » et « Versailles », le premier titre qui vient à l’esprit est Versailles no Bara, plus connu en France sous le nom de Lady Oscar, le titre qui lui fût donné à l’époque de son adaptation en anime avant que le manga ne sorte chez nous sous l’appellation La Rose de Versailles. Une romance à destination d’un public féminin faisant la part belle aux longues coiffures blondes et symbolisant l’image fantasmée que les japonais peuvent avoir de la la France aux alentours de la Révolution. Prépublié dans un premier temps dans le mensuel Hibana, au lectorat principalement féminin, avant de basculer sur le site Ura Sunday, Versailles of the Dead détonne donc en plongeant cette fois la Cour du roi au beau milieu d’une histoire de zombies. Un changement d’ambiance radical mais qui ne tombe toutefois pas dans la facilité du seinen purement « gore », Versailles abritant, comme à son habitude, son lot de complots et de coups montés.

Si les zombies occupent une place centrale dans l’intrigue de Versailles of the Dead, ceux-ci ne sont cependant pas une finalité en soi et semblent servir une intrigue beaucoup plus large. Seul survivant d’une attaque de morts-vivants ayant tué Marie-Antoinette, Albert, le frère-jumeau de ce qui devait être la futur reine de France, va prendre sa place pour préserver les relations diplomatiques entre notre beau pays et l’Autriche, histoire de mener à bien une alliance permettant de tenir têtes aux autres puissances européennes. Une décision approuvée par le Roi et son cercle rapproché mais évidemment cachée à la population ainsi qu’à tous les courtisans passant leurs journées dans les travées du château de Versailles. Futur Reine de France, Albert attise toutefois les jalousies, notamment auprès de la favorite du roi qui ne souhaite absolument pas perde sa position auprès du souverain. Rien d’extraordinaire en soi, Versailles ayant toujours été un véritable champs de bataille où chacun essayer de tirer son épingle du jeu pour obtenir son ticket d’entrée dans le cercle des puissants. Mais quand deux assassins tentent d’assassiner Marie-Antoinette Albert et que celui-ci s’en ressort indemne malgré un coup d’épée lui traversant le thorax, une question se pose : que c’est-il réellement passée lors de l’attaque des zombies ? Et surtout, quelles sont les véritables conditions de la mort de l’ancienne promise de Louis XVI ?

Au fil des 176 pages que comptent ce premier volume, Versailles of the Dead réussi à poser habilement son univers en développant simultanément deux intrigues qui n’ont à priori rien à voir avec d’un côté le mystère entourant l’apparition des morts-vivants et de l’autre les jeux d’influences au sein de la Cour ainsi que les véritables intentions d’Albert. Si la narration est bien menée et bénéficie d’un rythme soutenu faisant que l’on ne s’ennui jamais, on peut toutefois regretter que les personnages manquent de consistance, à l’exception évidemment du protagoniste principal autour duquel pèse un mystère de plus en plus pesant. Un sentiment renforcé par le dessin qui, s’il est techniquement réussi, manque globalement de saveur avec un character-design assez générique faisant que l’on ressort de la lecture de ce volume avec seulement un ou deux visages en tête.