Fin des années 90 sur une île perdue dans le Pacifique. Une expédition de chercheurs missionnés par une entreprise pharmaceutique tourne mal. Plusieurs années plus tard, sans lien apparent, un drame effroyable se passe à Tokyo. Un père massacre sa famille entière avant de se donner la mort. Le début d’un thriller horrifique signé Nokuto Koike.

mushroom tome 1Nokuto Koike est loin d’être un adepte des histoires joyeuses et légères comme il a pu le montrer avec des titres comme Les Oubliés et 6000, tous deux également disponibles chez Komikku Editions. Publié dans le magazine Gekkan Birz de Gentôsha de 2015 à début 2017, Mushroom reste dans la droite lignée des œuvres précédentes de l’auteur. Du surnaturel, de l’intrigue, et beaucoup de gore. Nous voilà donc plongés dans les années 90 dans une île perdue dans le Pacifique Sud où se trouve en expédition une équipe de biologistes missionnée par une entreprise pharmaceutique. Après une rapide entrée en matière montrant immédiatement des différences entre les motivations de chacun, la situation va rapidement tourner vinaigre quand l’équipe va se retrouver embrigadée au beau milieu d’un conflit entre indigènes. L’occasion d’assister – déjà – au premier des nombreuses scènes de massacres que va compter le manga. S’en suit une ellipse de plusieurs années nous projetant dans un Tokyo contemporain. Changement de décor, changement de protagonistes.

Nous suivons désormais Rin Tachibana, un lycéen lambda vivant avec son grand-père. Son destin va brusquement basculer quand une amie journaliste va lui demander l’accès à un appartement que loue son aïeux. La raison ? Le locataire vient d’y tuer sa femme et ses enfants avant de se suicider par pendaison. Sans le savoir, Rin et son amie vont entrer dans un lieu qui va changer leur vie à tout jamais. Censé être mort, le père de famille se dresse devant nos deux protagonistes avant de les agresser dans un excès de rage. Leur salut ne sera dû qu’à la présence d’un mystérieux homme armé d’un sabre qui va tuer – une nouvelle fois – le criminel. Blessé durant l’attaque, Rin se réveille plusieurs jours plus tard et découvre avec effroi qu’il aurait assassiné sauvagement un commerçant du coin. La raison ? Une mystérieuse bactérie venant du Pacifique Sud l’aurait infecté. D’un genre nouveau, cette dernière créer des clones des personnes infectées, d’une violence sans pareil…

Nokuto Koike est un auteur qui aime poser longuement les bases de ses histoires et on retrouve sans surprise ce procédé dans Mushroom. Une bonne partie du premier tome sert ainsi à immerger le lecteur et à l’inonder de questions en posant ça et là nombre d’éléments intrigants. Une introduction un peu longue mais qui rempli au final son contrat en posant de manière efficace une ambiance sombre et oppressante. Une fois centrée sur Rin, la narration passe enfin à la vitesse supérieure pour ne plus vraiment laisser de temps morts. Le style graphique de l’auteur, emprunt d’un certains réalisme et maîtrisant les nuances sombres, renforçant l’aspect gore, à la limite du malsain. Les « mushrooms » sont pour le coup réellement dégouttant et le huit-clos les mettant en scène dans le tome 2 est particulièrement éprouvant à lire pour qui se met un minimum dans la peau des personnages.

Particulièrement soignée, l’ambiance de Mushroom permet au passage de masquer quelques faiblesses au niveau de la narration. On a ainsi un peu de mal à mettre bout à bout tous les éléments d’une intrigue qui semble assez complexe. La faute, entre autre, à quelques failles dans la structure du récit impactant par moment la compréhension. Mais rien de bien grave au final pour un manga qui se lit à condition d’avoir le cœur bien accroché.

(Mushroom est édité chez Komikku Editions et vendu au prix de 8,50€. Critique réalisée à partir de planches fourni par l’éditeur.)