Un manga où des poissons rouges géants déambulent dans les rue de la capitale nippone pour dévorer le premier humain qui passerait devant eux ? Une idée farfelue qu’on imaginerait sans soucis sortir tout droit d’une série à petit budget distribuée en direct-to-vidéo dans le plus complet des anonymats. Sauf que c’est ce qui se passe dans Shibuya Hell. Et que c’est en fait vraiment, vraiment bien.


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Shibuya, quartier ultra branché de Tokyo. 14h50. J’ai toujours espéré qu’un événement bousculerait un jour mon quotidien de lycéen un peu morne. Le genre de rebondissement que le cinéaste amateur que je suis peut voir dans ses films préférés… mais pas ce genre-là. J’ai vu des passants se faire dévorer par ces… poissons géants, qui sont apparus tout à coup, flottant partout dans le quartier… Ces créatures sont réelles. Ce ne sont ni des effets spéciaux ni des trucages. Et elles ont faim de chair humaine. Moi et d’autres survivants tentons de leur échapper, mais tout porte à croire que nous sommes bel et bien coincés dans cet enfer…

Shibuya Hell est édité chez Pika Edition et est vendu au prix de 8,20€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


Il y a des titres dont on hésite à vouloir connaitre les circonstances précises de sa genèse tant la frontière entre imagination débordante et consommation intensive de stupéfiants semble terriblement fine. Une réflexion que l’on a pu avoir récemment en découvrant l’adaptation en série anime Dorohedoro disponible depuis la semaine dernière sur Netflix mais également de Shibuya Hell tant son concept a de quoi surprendre quand on le découvre pour la toute première fois. Car autant on est habitué depuis des décennies à voir des zombies à la recherche de cerveaux humains à siroter ou à voir des monstres effrayants se déchaîner pour exterminer l’espèce humaine, autant on n’aurait jamais imaginé voir un jour une oeuvre où le plus grand prédateur des humains serait … des poissons rouges. Géants, certes, mais des poissons rouges tout de même. Soit cet animal qu’on récupère à la fête de l’école pour le mettre dans un bocal minuscule où il finira ébouillanté par le soleil estival avant de finir dans la cuvette des toilettes. Autant que même un koala ou un petit chiot ont l’air de féroces prédateur en comparaison, c’est dire.

Mais là où la plupart des auteurs se seraient cassés les dents, Aoi Hiroumi a réussi à faire de Shibuya Hell une belle réussite grâce à un cocktail des plus délicieux. Plus que dans son pitch de base carrément loufoque, c’est surtout dans sa narration que le manga, publié depuis 2016 au Japon dans le magazine Gangan Joker, fait réellement mouche. Très bien rythmés, les deux premiers tomes nous font suivre le destin de deux groupes différents, un tome chacun. Un choix narratif bien senti car permettant de dynamiser le récit en alternant les points de vue, empêchant toute mise en place rapide d’une éventuelle routine. Autre conséquence bénéfique de ce choix, les personnages ont le temps d’être bien développés et arrivent à dégager une forte dose d’empathie malgré qu’ils soient dans l’absolu pas forcément originaux.

Comptant actuellement 8 tomes au Japon, Shibuya Hell est un manga qui ne laisse quasiment pas respirer le lecteur. Tout s’enchaîne sans véritable temps mort, les morts s’enchaînent, et les surprises avec, et on ressort de la lecture de ces deux premiers volumes totalement emballé par ce huis-clos en plein Shibuya. Une belle réussite de la part de Aoi Hiroumi qui arrive à faire prendre totalement la sauce malgré un pitch qui, sur le papier, pourrait laisser au premier abord plus d’un perplexe. Alors quand en plus le dessin tient la route et qu’un nuage de mystère plane également sur le titre, autant dire qu’on recommande la lecture de ce manga à tout amateur de survival-horror.

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Shibuya Hell
Note des lecteurs2 Notes4.7
Les plus
Des poissons rouges tueurs ? Un pari réussi !
Un huis-clos à ciel (presque) ouvert palpitant
Narration dynamique
Des personnages attachants
Les moins
On cherche, on cherche...
8
Excellent
En deux mots
Un manga d'horreur avec des poissons rouges tueurs ? Un concept original, loufoque même, qui aurait pu aboutir à une oeuvre type "série-B" navigant entre le cheap et le grotesque. Mais avec son rythme maîtrisé, son histoire intrigante et ses personnages travaillés, Shibuya Hell est une véritable réussite qui mérite pleinement votre attention.