Quand un genre vu et revu, la comédie romantique shônen, rencontre une oeuvre maintes et maintes fois adaptée, Roméo et Juliette, on est en droit de s’attendre à un résultat pas forcément des plus original. Mais même s’il ne réinvente pas le genre, Romio vs Juliet arrive à tirer son épingle du jeu grâce à un humour efficace et quelques idées bien trouvées.


romio_vs_juliet_6934

Synopsis

L’illustre académie Dahlia a été bâtie sur une île à la lisière entre deux états devenus ennemis : la nation de Touwa et la principauté de West. Deux groupes d’élèves s’y vouent une haine sans borne : les Black Doggy de Touwa et les White Cats de West. Chaque temps libre est rythmé par des querelles et combats entre élèves. Dans ce climat d’hostilité quotidienne, Romio, chef des Black Doggy, cache un secret… Depuis toujours, il est amoureux de son ennemie jurée : Juliet Persia, leader des White Cats ! Au cours d’un duel fatidique, Romio avoue ses sentiments à Juliet qui contre toute attente accepte ses avances ! Leur désir ? Que leurs nations arrivent enfin à se réconcilier. Leur relation, à l’insu de leurs clans respectifs, parviendra-t-elle à rester secrète ?

Romio vs Juliet est édité chez Pika Edition et est vendu au prix de 6,95€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


Ne vous laissez pas avoir par sa couverture arborant une illustration aux accents terriblement girly et un titre laissant penser à une adaptation revisitée par le prisme japonais de la célèbre histoire de Roméo et Juliette. Car dans Romio vs Juliet, le « versus » a toute son importance et constitue l’essence même de ce manga qui ne reprend finalement de l’oeuvre de Shakespeare que l’idée d’un amour impossible entre deux personnes venant de clans ennemis. Publié au Japon depuis 2015 sous le nom de Kishuku Gakkô no Juliet et également connu en tant que Boarding School Juliet à l’international, Romio vs Juliet nous plonge en effet au sein de l’académie Dahlia, une institution qui regroupe des élèves en provenance de la nation de Touwa et de la principauté de West, deux Etats devenus ennemis. Bien que l’académie ait été fondée dans le but d’unir les élèves malgré leurs différences, ces derniers n’en gardent pas moins une une haine tenace et se sont organisés en deux clans bien distincts avec d’un côté les Black Doggy de Touwa, dirigés par Romio Inuzuka, et de l’autre les White Cats de West, avec à leur tête Juliet Persia. Et comme vous vous en douterez, une histoire d’amour va naître entre ces deux lycéens que tout devrait opposer.

Si le contexte est original, Yôsuke Kaneda aurait s’arrêter là et proposer ainsi une relecture simplement modernisé de Roméo et Juliette tout en gardant l’ambiance de l’oeuvre d’origine à savoir un ton dramatico-romantique. Mais ce serait oublier le titre du manga, où Romio et Juliet ne sont pas unis mais bel et bien en confrontation avec l’usage du fameux « versus ». En tant que leader de clan, impossible pour nos deux tourteaux d’avouer au grand jour leur relation sous peine d’engendrer des conséquences qu’eux-même n’osent pas imaginer. Cette obligation d’assumer leur statut les amenant à continuer à s’affronter comme s’ils étaient encore ennemis, le manga s’en retrouve à alterner à un rythme assez soutenu les passages romantiques et d’autres beaucoup plus loufoques où les deux clans s’en mettent plein la figure. Débordant d’humour, Romio vs Juliet propose nombre de scènes hilarantes où, sur le point de se faire démasquer par inadvertance lors d’une sortie amoureuse, Inuzuka va par exemple frapper de toute ses forces Persia afin de simuler un combat. Un humour abusrde qui plaira aux amateurs de mangas comme Sket Dance, Hinamatsuri ou encore Saiki Kusuo no Ψ nan.

Visuellement, le travail réalisé par Yôsuke Kaneda est de très bonne facture. Si l’on mettra quand même un gros bémol concernant les arrières plans, d’un blanc immaculé sur de nombreuses planches, le character-design s’avère réussi et rend les divers protagonistes rapidement identifiables et très attachants. Une dose non négligeable de fan-service à base de petite culotte ou de vue sur les décolletés est également au programme, mais ces scènes restent cependant assez espacées et finement dessinées pour ne pas tomber dans une forme d’abus gratuit. De l’humour, de l’action, de la romance et un petit côté sexy, Romio vs Juliet est bel et bien un pur manga shônen malgré les premières apparences. Et il serait dommage pour les amateurs du genre de passer à côté en pensant avoir à faire à une histoire rose bonbon. On attendra la suite avec intérêt en espérant que cette bonne entame se poursuive dans les volumes suivant.