Après avoir fait parler de lui en avril dernier avec la parution de Dr. Stone en France, manga pour lequel il ne s’occupait que du dessin, Boichi est de retour avec « Origin », un titre dans la droite lignée de ce qu’apprécie le mangaka avec un récit mélangeant science-fiction et crime organisé.

Boichi n’est pas vraiment du genre à se reposer sur ses lauriers. Alors que son manga Sun-Ken Rock prenait fin en 2016 après 10 ans de bons et loyaux services, l’auteur coréen exilé au Japon depuis 2004 lançait quasiment dans la foulée Origin tout en arrivant à trouver le temps pour assurer le dessin de Dr. Stone, l’excellent manga édité dans nos contrées par les éditions Glénat depuis le mois d’avril. Et encore, on ne parle même pas des multiples one-shot ou séries courtes sorties entre temps, comme par exemple un spin-off en deux tomes de Terraformers (2015/2016).  A l’origine spécialisé dans les histoires pour jeune fille quand il habitait encore en Corée, l’auteur a radicalement changé de style une fois arrivé au Japon en se spécialisant dans les récits mêlant science-fiction et récits brutaux, tournant souvent autour de thèmes comme le crime organisé. Un profil qui se retrouve totalement dans Origin, nouveauté seinen du catalogue Pika Edition pour ce début d’été 2018.

origin boichi extrait

ORIGIN © Boichi / Kodansha Ltd.

Bienvenue donc en 2048 dans un Tokyo sous le joug de la mafia et où le crime règne. Dans ce Japon brutal où les robots s’en prennent aux humains pour les massacrer sauvagement, un de ces « non-humains » a décidé de se lever contre ses frères et de les empêcher de réaliser leurs pulsions meurtrières. Car Origin, tel est son nom, ne souhaite pas trahir la promesse faite à son « père » de mener une « vie convenable ».  Dès lors, pas d’autre choix pour lui que de se fondre dans la population humaine et de décrocher un emploi pour arriver à subvenir à ses besoins. En résulte un manga avec de l’action, beaucoup d’action même, et le mangaka ne fait pour ainsi dire pas vraiment dans la dentelle. Corps mutilés, découpés en morceaux, les affrontements dans Origin sont aussi stylés que la violence y est crue. Car bien qu’il soit doté d’un sens moral en béton armé, notre cher héros est totalement dépourvu de sentiments humains.

Cela n’empêche toutefois pas le manga de comporter beaucoup d’humour, notamment en décrivant le quotidien d’un Origin cherchant à paraître le plus humain possible pour passer incognito dans la société de robotique dans laquelle il a décidé de travailler, persuadé que personne n’irait se douter qu’un robot puisse s’y être fondu parmi les employés. Comment réagir face à l’humour, à l’ironie ? Comment adopter les codes sociaux que l’on attend de lui alors qu’il n’a reçu aucune éducation ? Sans parler des relations avec le sexe opposé… Tout cela apporte au manga de Boichi une touche de légèreté qui adoucit (un peu) le récit et nous permet de développer de l’empathie pour ce personnage dépourvu de tout sentiments. Bref, ce premier tome d’Origin est une belle découverte et nous donne envie d’en découvrir la suite.


origin tome 1

Synopsis

2048. Le Japon est relié à l’Eurasie par une ligne ferroviaire transcontinentale. Tokyo, sa capitale, est désormais le nid du terrorisme et du crime. Et dans l’ombre de cette mégalopole, lorsque la nuit s’installe, de mystérieux individus s’en prennent aux humains et les massacrent… Qui sont ces « êtres qui ne sont pas humains » et qui vivent cachés parmi eux ? Et qui est Origin, celui qui les pourchasse ?

Origin est édité chez Pika Edition et est vendu au prix de 7,75€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.