Kingdom a beau être un véritable succès au Japon depuis ses débuts en 2006, aucun éditeur français n’avait eu jusqu’à présent le courage de se lancer dans la publication dans cette longue épopée de 51 tomes prenant place en Chine Antique. Une anomalie qui vient de prendre fin grâce aux toutes jeunes éditions Meian pour qui il s’agit du premier titre d’envergure.
Plus personne n’osait y croire. Déjà que les maisons d’éditions françaises étaient frileuses à l’idée de publier un manga se déroulant en Chine Antique, chaque nouveau volume paraissant au Japon rendait de plus en plus improbable la sortie en France de Kingdom. Il faut dire qu’avec désormais 51 tomes au compteur, se lancer dans la publication d’une série aussi imposante relève du véritable pari sachant que Shueisha n’est pas du genre à tolérer qu’un éditeur étranger arrête l’édition d’un de ses manga en raison de son manque de succès. Les éditions Kana, mais également bon nombre d’autres à travers le monde, en savent quelque chose avec le véritable four que rencontre Gintama en dehors des terres nippones. Bref, il vaut mieux avoir les reins solides et une bonne dose de courage quand on sait à l’avance que l’on a 12 ans de publications à rattraper, sans compter les tomes à venir étant donné que la série est loin d’avoir rendue sa conclusion. Paradoxalement, ce n’est finalement pas un des gros du secteur qui s’est lancé dans ce challenge mais les toutes nouvelles éditions Meian pour qui il s’agit du premier titre de renom.
Fondées en 2017, les éditions Meian ne viennent cependant pas de nulle part et sont la propriété de IDP, une société éditant des DVD et Blu-ray d’anime et possédant également la boutique en ligne Anime-Store. Ce site est d’ailleurs impliqué dans la distribution de Kingdom car IDP a décidé de proposer une formule d’abonnement permettant de recevoir deux tomes du manga (et deux ex-libris en cadeau) chaque mois au prix de 13,5€. Une opération gagnant-gagnant pour le lecteur et l’éditeur, en permettant de baisser légèrement le prix du tome à l’unité tout en assurant un minimum de stabilité dans les rentrées d’argent pour les éditions Meian. Malin.
Bien que publié au Japon dans Shônen Jump, Kingdom rencontre avant tout un énorme succès auprès des salarymans, charmés par son contexte historique ainsi que par les valeurs de courage et d’abnégation qu’il dégage. Nous voilà donc plongés dans une Chine du Ve siècle av. J.-C et plus précisément dans le royaume de Qin, l’un des sept principaux Etats composant une Chine pas encore unifiée. C’est dans cette région que vivent Shin et Hyô, deux amis qui partagent le rêve de se défaire de leur condition d’esclave pour gravir les échelons et devenir général de l’armée de Qin. Mais ce qui ne devrait être qu’un fantasme irréalisable va finalement prendre vie quand, par un concours de circonstances que l’on ne dévoilera pas pour des raisons évidentes de spoilers, Shin va se retrouver à devoir aider le jeune Ei Seï, futur roi de Qin, à reconquérir son trône convoité par son frère cadet.
Bien que l’on pourrait croire à première vue que Kingdom soit un manga austère et fondamentalement sérieux, le manga est parsemé d’humour permettant de le rendre beaucoup plus accessible aux profanes des récits historiques. Une bouffée d’air frais bienvenue pour un titre tout de même centré la guerre et les combats, ceux-ci étant d’ailleurs merveilleusement mis en valeur par le dessin de Yasuhisa Hara. Profond, complexe, le scénario met en scène une multitude de clans et de factions pour autant d’alliances que de trahisons. Il faut donc parfois bien s’accrocher pour mettre les bons wagons bout à bout et ne pas se perdre dans la narration, surtout quand le récit introduit un grand nombre de personnages annexes avec des généraux, des stratégistes, des grands archers, et j’en passe.
Délicieux mélange d’affrontements et de stratégie politique, Kingdom est une vraie perle du manga seinen que l’on conseillera évidemment en priorité à un public un minimum mature. Une oeuvre qui se trouve par ailleurs magnifiée par l’excellent travail réalisé par les éditions Meian pour son édition française, avec un papier d’excellente qualité et sa couverture bien rigide agrémentée de quelques effets en relief. Pour son premier titre d’envergure, c’est un véritable sans faute que nous offre le tout jeune éditeur français.
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Synopsis
Dans la Chine de l’époque des Royaumes Combattants qui va du Ve siècle av. J.-C. jusqu’à l’unification des royaumes chinois par la dynastie Qin en 221 av. J.-C), on suit le jeune Shin dans son chemin vers l’accomplissement de son rêve : devenir un Grand Général. Shin est originaire de l’état de Qin, en proie à de nombreux soubresauts aussi bien à l’intérieur du royaume qu’à l’extérieur. À travers l’histoire de Shin, on suit aussi notamment l’histoire de Ei Sei, l’homme qui sera par la suite connu sous le nom de Qin Shi Huang, unificateur de la Chine.
Kingdom est édité chez Meian et est vendu au prix de 6,95€.