Longtemps réclamé par le public mais jusqu’à présent ignoré par les éditeurs, le manga Kaguya-sama: Love is War va enfin bénéficier d’une commercialisation en France grâce à Pika Edition. Une comédie romantique qui réussit à se démarquer des autres œuvres du genre grâce à un concept original que certains ont peut-être découvert grâce à son adaptation en série anime en 2019.
Au sein du Bureau des élèves de la prestigieuse académie Shûchiin, Kaguya Shinomiya, la vice-présidente, et Miyuki Shirogane, le président, sont l’élite de l’élite. Tout le temps qu’ils partagent ensemble laisse à penser qu’ils se plaisent et pourtant… six mois plus tard, rien ne s’est passé entre eux ! L’obstacle : leur fierté qui ne leur permet pas d’être le premier à déclarer sa flamme. La bataille pour faire avouer l’autre commence maintenant !
Kaguya-sama: Love is War est édité chez Pika Edition et est vendu au prix de 7,20€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
Il y a des titres qu’on ne voit jamais débarquer et dont on ne comprends jamais la raison. Frilosité des éditeurs en raison d’un contexte difficilement compréhensible par un public étranger, humour trop marqué culturellement, sujets abordés tabous pour le marché ciblé, les raisons de ne pas voir un manga ne pas arriver chez nous sont multiples. Publié au Japon depuis mai 2015 et comptant actuellement 21 tomes, Kaguya-sama: Love is War fait partie de ces œuvres qui ont longtemps ignoré le marché français en raison de la réticence des éditeurs. Peut-être est-ce dû au fait qu’il s’agisse d’un manga humoristique, genre relativement casse-gueule pour les éditeurs en raison des différences culturelles entre notre pays et le Japon. Ou peut-être est-ce dû au cadre scolaire dans lequel se déroule l’histoire imaginée par Aka Akasaka, si différent du notre avec notamment son « Bureau des Elèves » typiquement nippon. Quoiqu’il en soit, il aura fallu attendre près de six ans pour voir le titre débarquer chez nous grâce à Pika Edition, probablement motivé par l’accueil plus que chaleureux qui fût réservé aux deux saisons de la série animée en 2019 puis 2020.
Enorme succès au Japon au point de voir sa publication passer du très confidentiel Miracle Jump au célèbre Shônen Jump au bout d’un an, Kaguya-sama: Love is War se démarque des autres comédies romantiques grâce à un concept original. Exit les romances vues et revues. Ici, l’amour est présentée comme une guerre psychologique où aucun des deux protagonistes ne souhaite faire le premier pas et fait tout pour pousser l’objet de ses désirs à se confesser avant lui. Tous deux très intelligents, ce concept permet au récit d’être une source de situations comiques à foison tout en offrant un suspens haletant pour savoir qui de Kaguya ou de Miyuki arrivera vainqueur du « duel » du jour. A moins que Chika, la secrétaire un peu nunuche, ne vienne mettre son grain de sel et faire exploser ce fragile rapport de puissance.
Huis-clos se déroulant à peu de choses près uniquement dans la salle du Bureau des Elèves, Kaguya-sama: Love is War repose quasi-exclusivement sur ce trio follement attachant en raison de leurs personnalités aussi fortes qu’opposées. Tel une pièce de théâtre, nous nous retrouvons face à une succession de scénettes mettant un scène un nombre de protagonistes limités, mais la finesse avec laquelle sont écrits les personnages ainsi que l’humour absolument ravageur fait que la lecture des deux premiers tomes (commercialisés simultanément) se fait d’une traite, sans aucun temps mort. Il convient également de souligner l’excellent travail réalisé par Marylou Leclerc pour traduire et adapter le manga. Une traductrice déjà habituée de la série étant donnée qu’elle a déjà travaillé sur l’adaptation dans notre langue de l’anime et qui a été spécialement recrutée par Pika Edition pour cette occasion. En résulte une version française d’une grande justesse, qui évite avec brio la facilité (et l’absurdité) de faire recours aux suffixes comme « -san » et « -sama » bien que ce soit présent dans le titre même de l’œuvre, et adaptant avec beaucoup d’agilité certains passages impossible à traduire « en l’état ».