Grosse sortie de l’année 2018, Black Torch a pris fin cette année après 5 petits tomes suite à un accueil plus que frileux de la part des japonais. Quelques mois plus tard, son auteur Tsuyoshi Takaki est de retour avec Heart Gear, un manga qui part – au minimum – sur les même bases qualitatives que son prédécesseur.


Synopsis

Il y a 200 ans, une guerre planétaire a quasiment anéanti l’espèce humaine. La terre n’est plus peuplée que de machines livrées à elles-mêmes… La jeune Roue est élevée par Zett, un robot pacifique, véritable père de substitution, qui la couvre d’attentions. Leur quotidien est bouleversé par l’arrivée d’un nouveau venu, Chrome. Tout juste activé, il prend le rôle du petit frère naïf et maladroit dans leur étrange famille. Zett tente tant bien que mal de lui faire intégrer la notion d’autonomie… Pas évident pour un robot ! Tout s’accélère quand un “insane”, un androïde fou, détruit Zett avant d’attaquer Roue. Pour Chrome, l’heure du choix est venue : il devient le protecteur de la fillette ! Il se révèle être un combattant surpuissant et écrase son adversaire. Heureusement, l’unité centrale de leur père adoptif est intacte : il ne reste plus qu’à lui trouver

Heart Gear est édité chez Ki-oon et est vendu au prix de 7,90€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


Surprenant destin que celui de Black Torch. Boudé au Japon, son manque de succès ayant d’ailleurs entraîné sa fin prématurée après seulement cinq tomes, ainsi que par le public étranger de manière générale, le titre de Tsuyoshi Takaki a trouvé en France un succès totalement inattendu faisant de lui un des plus gros succès de l’année 2018 dans notre pays. Un enthousiasme que nous avions partagé à l’époque au moment d’écrire notre critique du premier volume. Résultat, alors qu’il est publié au Japon au format numérique et gratuitement sur le site Jump Plus, autant dire loin des paillettes d’un Weekly Shônen Jump, Heart Gear, le nouveau titre du mangaka, faisait partie des sorties les plus attendues de cette rentrée 2019. Et force est de constater qu’il devrait de nouveau recevoir un chaleureux accueil dans nos librairies vu ce premier tome qui nous a fait une très bonne impression.

Après un Black Torch totalement centré sur l’action, Heart Gear se démarque de son prédécesseur en mettant de côté le récit de ninja pour de la science-fiction post-apocalyptique. Plus posé, le manga ne met pas en avant une héroïne aux compétences sur-développées pour le combat mais une petite fille de nom de Roue qui est élevée par Zett, un robot des plus pacifiques la traitant comme il s’agissait de son propre enfant. Alors qu’ils vivaient un quotidien paisible, Roue et Zett vont faire la rencontre de Chrome, un robot sans « programme de base », autrement dit sans aucune fonction à remplir. Maladroit, totalement dépendant, Chrome va cependant se découvrir une nouvelle vocation quand sa « famille » va se faire attaquer : celle de protéger Roue à tout prix. Et par la même occasion de trouver un nouveau corps à Zett, totalement détruit suite aux coups de l’ennemi.

Primordial dans une oeuvre de science-fiction, l’univers de Heart Gear charme immédiatement et est remarquablement bien introduit par Tsuyoshi Takaki. L’auteur n’hésite d’ailleurs pas à inclure entre les chapitres des pages d’explications destinées à éclairer le lecteur sur l’Histoire de cette Terre dont l’Humanité a visiblement disparue. S’il comporte également des scènes d’actions, tout aussi puissantes et enivrantes que dans Black Torch, celles-ci ne constituent plus l’essence même du titre et c’est bien plus par les sentiments qu’il transmet et les questions qu’il soulève qu’il tire toute sa saveur. Au travers de ce trio auquel on s’attache immédiatement, l’auteur invite le lecteur à se questionner sur la condition humaine, ce qu’est l’âme ou encore ce qui différencie l’Homme et la machine. Il faudra voir comment ces éléments seront traités dans les prochains chapitres mais réussit en tout cas à mettre sur pied un monde aussi riche qu’intrigant, à la fois violent et rempli de mélancolie, et qui sait attiser la curiosité du lecteur. Bref, hormis un structure narrative relativement classique, même si cela relève vraiment du détail, Heart Gear départ sur d’excellentes bases et devrait à coup sûr satisfaire tous les amateurs de science-fiction.