Après The Empire of Corpses en décembre dernier, c’est désormais au tour de l’adaptation en manga de Genocidal Organ de faire son apparition en librairie. Un titre qui traite une nouvelle fois de la mort et qui, une nouvelle fois, peine à nous convaincre.


Synopsis

Les États-Unis parachutent le capitaine Clavis Shepherd et ses hommes dans les Balkans. Appartenant au Détachement I, un groupe d’intervention placé sous la direction des forces de renseignement, ils ont pour mission de retrouver et d’éliminer un de leurs compatriotes qui se serait rendu coupable de crimes de guerre…

Genocidal Organ est édité chez Pika Edition et est vendu au prix de 7,50€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


L’année dernière, le public français a pu faire la connaissance de Project Itoh, de son vrai nom Satoshi Itô, un romancier japonais de science-fiction dont la carrière se résume à trois romans en raison d’un décès arrivé bien trop tôt alors qu’il n’avait encore que 34 ans. Si ses trois œuvres (Genocidal Organ, Harmony, The Empire of Corpses) ont déjà atteint nos contrées grâce à leur adaptation en anime par Wit Studio, Pika Edition s’est en effet attelé depuis l’année dernière à publier en France les œuvres originales de l’auteur ainsi que leurs adaptations en manga. Après The Empire of Corpses en décembre 2018, c’est désormais au tour de Genocidal Organ, chronologiquement le premier roman écrit par Project Itoh, de débarquer dans nos librairies avec la sortie quasi-simultanée du manga et du roman dont il est tiré.

Triste ironie pour un auteur décédé si jeune, les œuvres de Project Itoh ont toujours eu comme thème central la mort. Quand The Empire of Corpses nous narrait une histoire où les morts sont utilisés comme de la main-d’oeuvre bon marché grâce à une technologie permettant d’y intégrer une âme factice, Genocidal Organ nous plonge dans la peau de Clavis Shepherd, un capitaine de l’armée américaine envoyé dans les Balkans pour abattre deux cibles qui seraient à l’origine d’un génocide. Dès les premières pages, le ton est donné. Sans aucune texte, celles-ci nous immergent dans le cauchemars de Clavis Shephered où il se retrouve entourés de morts déchiquetés, écrasés, ou encore avec les entrailles à l’air. Une entrée assez saisissante et choquante mais qui ne semble pas perturber notre héros, visiblement pas mal à l’aise d’être entouré par tous ces cadavres.

Après Tomoyuki Hino pour The Empire of Corpses, c’est cette fois à Asô Gâto qu’a été confié la tâche de mettre en image Genocidal Organ, un auteur à la carrière assez réduite et dont le seul précédent travail consistait en une adaptation manga du film anime 009 RE:CYBORG. Graphiquement, le rendu s’avère plutôt propre, enfin façon de parler vu l’ambiance du titre, avec des personnages, qu’ils soient morts ou vivant, travaillés avec soin. Les décors sont quant à eux assez en retrait avec une prédominance des plans serrés sur les protagonistes, un choix qui permet de renforcer l’aspect résolument gore de certaines scènes.

Malheureusement pour Genocidal Organ, le manga souffre de gros problèmes de narration rendant le déroulé de son intrigue confus et laissant le lecteur quelque peu frustré. Un travers déjà aperçu dans The Empire of Corpses en raison d’un gros manque de clarté et surtout d’un rythme de narration bien trop soutenu pour avoir le temps de digérer toutes les informations. Tenant sur trois petits tomes, le manga va une nouvelle fois très vite, trop vite, et on se retrouve à suivre l’action sans réellement en comprendre le contexte général. Manque d’information, intrigues qui se dégonflent en l’espace de quelques pages, le lecteur navigue en eaux troubles et peine à raccrocher les wagons d’une histoire pour autant pas vraiment déplaisante à suivre. Tel un aveux d’impuissance, de nombreuses notes ont été incluses en fin de tome incluant des détails sur les protagonistes ou des éléments centraux du récit. Si cet ajout aurait constitué un bonus agréable en temps normal, difficile de ne pas y voir une manière d’apporter des explications qui auraient normalement dû être pleinement intégrées au récit. On espère que le seconde tome corrigera grandement la trajectoire, mais il y a de grandes chances que beaucoup n’auront pas la motivation de chercher à voir plus loin.