Présenté comme un one-shot à l’occasion de sa sortie en janvier dernier, « Souvenirs d’Emanon » n’était en fait qu’une petite partie des aventures de cette jeune femme ayant en elle les souvenirs datant de trois milliards d’années. Avec « Errances d’Emanon », Kenji Tsuruta s’attaque cette fois au passé du personnage et au sens de son existence. Mais était-ce réellement utile ?
« Un doux moment d’évasion, aussi agréable que fugace ». C’est par ces quelques mots que se concluait notre critique de Souvenirs d’Emanon, sorti en janvier dernier dans la collection Latitudes de Ki-oon. Adaptant sous forme de manga la série de nouvelles de l’auteur Shinji Kajio, le titre nous faisait découvrir le personnage d’Emanon, une jeune femme ayant une mémoire datant de plus de trois milliards d’années. Le temps d’une traversée en bateau, celle-ci s’était liée d’amitié avec un étudiant lui rappelant son époux défunt avant de lui confier son étrange histoire. Pas vraiment inoubliable, Souvenirs d’Emanon n’en restait pas moins une oeuvre attendrissante. Présenté comme un one-shot, cette histoire sans lendemain était censée être un plaisir furtif dont le mystère ambiant n’avait pas pour vocation à connaître de véritable épilogue.
On aurait donc pu s’en arrêter là. Affabulation ou récit véritable, l’histoire contée par Emanon se suffisait en elle-même et l’éventuelle véracité de son récit n’était au final que purement accessoire. Mais en levant le voile sur une partie du passé de la jeune fille, Errances d’Emanon brise quelque peu ce voile de mystère qui faisait le charme du précédent volume. Emanon a désormais un frère, ou un fils selon le point de vue, qu’elle a abandonné avec sa mère quand elle était encore petite. Destinée à devenir un élément central de prochain tome à la vue de la conclusion qui nous est proposée, cette intrigue rationalise le récit et donne de la consistance à un personnage qui n’en réclamait pas forcément. En fait, Emanon était un peu comme cette amourette de vacances dont on ne savait pas grand chose mais qui nous a marqué à vie pour son aspect mystérieux et fugace. Elle était parfaite dans ce rôle et c’était justement tout ce qui faisait le sel de Souvenirs d’Emanon.
Alors oui, l’histoire reste cependant agréable à lire. Enfin, surtout la seconde partie consacrée au frère d’Emanon pour tout dire. La première, pourtant magnifique visuellement avec ses pages toutes en couleurs, donnant l’impression de tourner en rond sans avoir réellement grand chose à raconter. Mais on aurait préféré rester dans l’ignorance et se satisfaire de cette traversée remplie d’émotion à bord du Sun Flower.
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Synopsis
À bord du Sun Flower, Emanon a confié son étrange histoire à un étudiant qui lui rappelait son époux défunt. Mais cette traversée en bateau n’était qu’une infime partie du voyage de la jeune femme à la mémoire de trois milliards d’années : pour elle, une vie ne dure qu’un instant ! Cette passagère du temps poursuit inlassablement sa route, toujours prête pour de nouvelles rencontres. À la recherche d’un mystérieux trésor enfoui ou d’un frère perdu de vue, retrouvez-la dans ses errances… Emanon est un des personnages les plus fascinants de la science-fiction contemporaine japonaise. Le dessinateur Kenji Tsuruta, tombé amoureux du concept imaginé par l’écrivain Shinji Kajio, donne un visage aussi vivant que mélancolique à cette incarnation féminine du passé, du présent et du futur de l’humanité. Que l’on croie ou non à son histoire, impossible d’oublier Emanon. Et elle non plus ne vous oubliera jamais…
Errances d’Emanon est édité chez Ki-oon et est vendu au prix de 15€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
