Après Born To Be On Air! , Pika Edition accueille dans son catalogue une nouvelle œuvre de Hiroaki Samura avec Die Wergelder. Un manga qui nous plonge dans un univers sombre et brutal où trois femmes se livrent à une guerre sans merci pour l’argent et la vengeance. Aussi intriguant que violent, ce premier tome pose les bases d’une intrigue complexe et haletante portée par narration non-linéaire.
Quel est le lien entre un mystérieux assassinat perpétré dans un quartier chaud en Chine, un vol de billets de banque commis au sein même d’un clan de yakuzas et des coups de feu meurtriers échangés sur une île perdue au large du Japon ? Seul dénominateur commun connu : un déchaînement implacable de violence provoqué par trois femmes à la beauté meurtrière… Hiroaki Samura, auteur mythique de L’Habitant de l’Infini et de Born to Be on Air! , vous invite à plonger dans un cocktail mortel où s’entremêlent quête de vengeance impitoyable, désirs charnels inassouvis et violence d’un esthétisme stupéfiant.
Die Wergelder est édité chez Pika Edition et est vendu au prix de 7,95€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.
Die Wergelder commence par une scène choc : dans une maison close en Chine, une prostituée allemande nommée Träne tue froidement son client après un rapport que l’on pourra, pudiquement, catégoriser de peu respectueux de sa personne, mais surtout après que celui-ci ai mentionné le nom de son village natal, Kiebitzenberg. Si l’on comprend rapidement que cette femme borgne est mue par un désir de vengeance, la raison de celui-ci est encore une totale inconnue. Puis, le récit se déporte au Japon, où deux autres femmes, Shinobu et Je-Mao voient leurs destins se croiser en raison d’une transaction douteuse impliquant des mafieux. Entre temps, un petit saut dans le temps une dizaine d’année en arrière, ou encore la présentation d’une petite fille dont on apprend qu’elle devra mourir d’ici quelques jours. Autant dire que dans ce premier tome, Hiroaki Samura ne cherche pas à nous faciliter la tâche en faisant le choix d’une narration non-linéaire nous baladant entre différents fils narratifs qui se rejoignent au fil des pages.
Alternant entre les époques, les lieux et les personnages, le mangaka offre un effet de puzzle à la fois stimulant mais également gratifiant quand on arrive à mettre bout à bout les différents éléments du récit. On découvre ainsi au fil des pages les motivations et les liens qui unissent les protagonistes, mais également les enjeux qui se cachent derrière tout ça, l’auteur évitant bien de nous livrer sur un plateau les tenants et aboutissants de son manga. Cette narration non-linéaire a cependant comme inconvénient que l’histoire peut sembler un peu brumeuse lors de la première lecture, un sentiment renforcé par la multitude de personnages qu’on n’a pas forcément le temps de pleinement intégrer et la complexité de l’intrigue mise en place. Une seconde lecture pourra s’avérer nécessaire pour pleinement comprendre ce premier tome qui pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses.
D’une violence profondément crue, Die Wergelder n’est pas un titre faisant l’économie des scènes de torture, de meurtres ou encore de violences sexuelles. Viols, rapports sexuels remplis de sadisme, les femmes sont à la fois victimes des pires sévices mais également les personnages les plus forts du manga, que ce soit psychologiquement ou physiquement, et en sont le moteur. Avec leurs physiques atypiques et leurs tenues extravagantes. Träne, Shinobu et Je-Mao sont particulièrement marquantes et, tout en dégageant un charisme et une sensualité indéniables, sont également remplies d’une froideur et une cruauté qui les rendent redoutables. Sans les idéaliser, Hiroaki Samura les montre telles qu’elles sont, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs blessures et leurs espoirs. Le tout est par ailleurs merveilleusement porté par le dessin de Hiroaki Samura dont le dynamisme et le jeu sur les contraste qui sublime l’intensité du récit.
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