Une chimère mi-homme mi-animal ne connaissant rien des sentiments et dont le destin va se trouver lié à une jeune orpheline qui va lui apprendre à comprendre le cœur des humains. Présenté succinctement, impossible de ne pas penser à The Ancient Magus Bride, le superbe manga de Kore Yamazaki. Et pourtant, il s’agit bien de Lyla et la bête qui voulait mourir, nouveauté du catalogue Ki-oon et fruit de la collaboration entre Asato Konami au scénario et Ejiwa Saita au dessin.
Difficile de savoir si Asato Konami et Ejiwa Saita se sont inspirées de The Ancient Magus Bride à l’occasion de la création de Lyla et la bête qui voulait mourir. Et à vrai dire, même si cela s’avérait être le cas, ce n’est pas vraiment un problème en soi. Il est normal – et même humain – de trouver inspiration dans des titres ayant remporté du succès et cela a même régulièrement abouti à des œuvres de qualité. L’exemple du Roi Lion de Disney, puisant ouvertement son inspiration dans Le Roi Léo de Tezuka, étant un des plus parlant. La seule contrainte, et elle est de taille, étant d’arriver à insuffler à son oeuvre une identité propre lui permettant de ne pas finir avec une étiquette « la copie de » aussi embarrassante que lourde à porter. Mais malheureusement c’est précisément le mal qui touche Lyla et la bête qui voulait mourir, la faute à un character-design et une thématique bien trop proches du manga de Kore Yamazaki.
La planche ci-dessus – par ailleurs très belle au demeurant – est parfaitement symptomatique de ce mal qui touche Lyla et la bête qui voulait mourir. Impossible en effet de ne pas penser immédiatement à The Ancient Magus Bride et à une de ces scènes toute en émotion mettant en scène les personnages d’Elias et Chise. Si Aron arrive tout de même à se distinguer tant bien que mal de son alter ego mi-homme mi-bête de The Ancient Magus Bride, la ressemblance entre Lyla et Chise est pour le coup particulièrement troublante. Une similitude que l’on retrouve dans le scénario de Asato Konami qui n’arrive pas à se détacher totalement de son illustre aîné en ayant peu ou prou la même thématique malgré une histoire intéressante au demeurant. L’idée de faire s’entraider Lyla et Aron, alors qu’il a tué les parents de cette dernière, est certes originale et permet de mettre en place un duo passionnant entremêlés dans des liens complexes. Mais impossible de ne pas garder un arrière-goût de déjà-vu dans la bouche quand la jeune fille prend la décision d’apprendre à la chimère ce que c’est que « d’avoir un cœur », rappelant la volonté d’Elias d’apprendre de Chise se que sont les sentiments humains.
La lecture des 196 pages que comptent Lyla et la bête qui voulait mourir est loin d’être un mauvais moment à passer. Ce serait même l’inverse. Mais on se met à regretter qu’il ne soit pas sorti avant The Ancient Magus Bride afin de pouvoir en profiter pleinement et ne pas avoir cette sensation latente de déjà-vu. Mais le manga aurait-il existé sans l’oeuvre de Kore Yamazaki ?
Un petit mot enfin sur la qualité de l’édition qui est, comme toujours avec Ki-oon, de très bonne facture. Que ce soit la couverture ou le papier utilisé, les matériaux sont aussi agréables au toucher que bien épais et ne risquent pas de partir en lambeau à force d’être trimbalé au fond de son sac. La traduction est quant à elle signé Anne-Sophie Thevenon, une traductrice que l’on a déjà pu croiser sur des mangas comme Berserk, ReLife nou encore Noragami.
[review]
Dans une ville ravagée par la corruption, l’argent et la force font loi. La vie est particulièrement dure pour les chimères, mi-hommes, mi-animaux. Méprisées de tous, elles forment la plus basse des castes. Aron en fait partie. Pire, il a été élevé comme une bête par un parrain de la mafia dans le seul et unique but de tuer. Isolé et maltraité, il a gardé l’âge mental d’un enfant. Son seul refuge est un livre d’images dans lequel une petite fille aux yeux bleus emporte le héros de l’histoire au paradis. Aron ne rêve que d’une chose : trouver cet ange pour être délivré de sa vie de souffrances.
Alors quand, au cours d’une mission, il tombe sur Lyla, jeune fille aux yeux du même bleu que le personnage du conte, c’est la révélation : c’est elle qui le libérera ! Pour la première fois de son existence, il désobéit aux ordres de son maître et s’enfuit avec elle ! À présent, il a la mafia aux trousses, dans un monde qu’il ne connaît pas, avec pour compagne une fille qui le hait plus que tout…
Lyla et la bête qui voulait mourir est édité chez Ki-oon et est vendu au prix de 7,90€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.