Fruit de la rencontre entre un scénariste japonais de talent et un dessinateur coréen, King of Eden intrigue avant même qu’on ai lu une seule des 208 pages que comporte ce premier tome.

King of Eden, c’est tout d’abord la rencontre de deux hommes. Habitué à collaborer avec Naoki Urasawa (20th Century Boys, Monster, Pluto), Takahashi Nagasaki s’est cette fois associé au dessinateur coréen IGNITO pour nous offrir une enquête policière sur fond d’archéologie et de mythologie religieuse. Présenté comme un manga, le terme de manwha (son pendant coréen) pourrait être toutefois plus adapté vu les forts liens reliant le titre et la Corée du Sud. Car outre la nationalité de son dessinateur, King of Eden a d’abord été publié en Corée du Sud et son scénario est également fortement lié à la péninsule asiatique. Mais on imagine sans mal que ce choix marketing trouve sa justification dans la volonté de présenter cet oeuvre comme étant principalement le fruit de Takahashi Nagasaki, bien plus connu – et donc vendeur – dans nos contrées.

Comme il s’agit d’un premier tome, on vous épargnera la réécriture imparfaite et moins réussi du synopsis, celui-ci étant disponible à la toute fin de cet article. Reprenant la thématique maintes fois utilisée du virus inconnu transformant les humains en monstres sanguinaires, celui-ci ne brille pas par son originalité et fait rapidement penser à Mushroom de Nokuto Koike dont nous vous avons proposé la critique il y a de cela quelques semaines. C’est là qu’intervient le talent de Takahashi Nagasaki, permettant à King of Eden de se démarquer immédiatement des autres titres du genre. En intégrant des éléments historiques et religieux, notamment le mythe d’Abel et de Cain considéré comme étant le premier meurtre de l’histoire, l’auteur arrive à donner un souffle mystique à son titre sans toutefois le faire basculer dans le surnaturel. Un équilibre savamment dosé permettant d’intriguer tout en gardant fermement les pieds sur Terre et renforcé par un dessin qui prend clairement le parti pris du réalisme.

king of eden extrait

Parfaitement maîtrisées, la narration et la mise en scène arrivent à garder le lecteur en haleine et l’on n’a pas de mal à raccrocher les wagons quand bien même l’auteur nous ballade en une multitude de lieux et introduit nombre des personnages au fil des pages. Doté d’un background que l’on devine très riche, King of Eden devrait ravira les amateurs de série à ambiance distillant petit à petit ses éléments. Malheureusement, cet accent sur la mise en place du contexte se fait au détriment des personnages et l’on a encore du mal à s’attacher à eux, voir même à réellement les identifier.

Hormis Teze Yoo, que l’on retrouve tout au long de ce tome et qui reste encore bien mystérieux, seul le Dr Itsuki arrive quelque peu à marquer le lecteur. Et encore, ce personnage ne fait son apparition qu’à partir de la moitié du volume avant de disparaître peu avant la fin. Pas assez pour développer ce second « personnage principal » qui manque encore cruellement de consistance. Quand aux autres protagonistes, ils sont pour la plupart anecdotiques et sans réelle inspiration. Tout du moins pour le moment. Avec des bases aussi solides niveau scénario, on espère que les personnages gagneront en profondeur dans le prochain tome que l’on attend déjà avec intérêt.

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king of edenSynopsis

Des villages entiers sont rayés de la carte par de gigantesques incendies aux quatre coins du globe. Thaïlande, Écosse, Espagne… le scénario est toujours le même : les cadavres calcinés des habitants portent des traces de morsures et ont subi de telles déformations qu’ils n’ont plus rien d’humain…

Étrangement, un jeune archéologue coréen, Teze Yoo, semble lié à ces tragédies : sur chaque site, il achève le dernier survivant avant de brûler les corps. Mais pour les services de renseignements internationaux, il est surtout le suspect numéro un quant à la propagation d’un virus convoité par les groupes terroristes du monde entier ! Le Dr Itsuki, elle-même archéologue et ancienne camarade de classe de Teze, est recrutée par les services secrets coréens pour retrouver sa trace. De l’Angleterre à la Chine en passant par la Roumanie, la chasse à l’homme est lancée !

King of Eden est édité chez Ki-oon et est vendu au prix de 7,90€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.