La guerre de Trente Ans, conflit opposant protestants et catholiques au dix-septième siècle, n’est pas le genre de période historique que l’on a l’habitude de voir traitée dans un manga ou, plus généralement, dans toute oeuvre venue du Japon. C’est pourtant de ce contexte que se déroule Issak, l’histoire d’un guerrier japonais venu combattre auprès des protestants en tant que mercenaire avec un seul but : retrouver le meurtrier de son défunt maître.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, les terres d’Europe ont bel et bien accueillis des samouraïs il y a de cela plus de 300 ans. Un fait méconnu mais qui trouve ses origines quand, suite à la fin des luttes de pouvoir qui gangrenaient le Japon depuis des années, de nombreux samouraïs se retrouvèrent sans maîtres à servir durant cette nouvelle ère de paix. Devenus pour certains mercenaires, les plus audacieux ont carrément quitté leur terre natale pour s’aventurer à l’étranger et vendre leurs services au plus offrant. Une décision nécessitant une bonne dose de courage vu qu’une loi empêchant quiconque quittant le Japon de pouvoir y revenir un jour fût promulguée en 1620. Courageuse et n’ayant rien à perdre et dévouée à la tâche, cette main d’oeuvre venue du bout du monde était une bénédiction pour les dirigeants occidentaux.
Quand il tomba par hasard sur un texte mentionnant ces mercenaires lors d’une séjour à Manille, Shinji Makari ne savait pas encore que cette découverte fortuite serait à l’origine bien des années plus tard d’un manga sorti de son imagination. Il faut dire qu’à l’époque, le bougre s’était lancé dans une carrière de journaliste freelance et ce n’est que dans les années 1990 qu’il embrassa la carrière de mangaka, avec pour commencer Office North Star. Ce qu’une fois Yugo, sa série la plus connue, terminé en 2015 qu’il se lança dans Issak en collaboration avec le dessinateur coréen Double S, mettant enfin sur papier le fruit de cette découverte.
Tout comme son créateur, Issak a quitté le Japon mais pour une raison bien moins attrayante que des études d’arts en Europe. A la recherche de son maître assassiné par un mercenaire désormais au service des catholiques, il va rejoindre la future Allemagne pour s’engager au côté des protestants et assouvir sa soif de vengeance. Sans surprise, la principale force du manga tient en son personnage principal, très bien dépeint et ne tombant pas dans le stéréotype du japonais/samouraï de service, ne serait-ce que par sa maîtrise des armes à feu. Un soin que l’on aurait aimé retrouver pour les autres protagonistes du récit pour lesquels on a encore du mal à s’attacher, ceux-ci étant comme éclipsés par le charisme s’échappant d’Issak.
Il faut dire qu’en étant principalement composé de scènes de batailles, difficile de trouver un instant de libre pour s’attarder un minimum de temps sur les personnages secondaires. Extrêmement rythmé, ce premier tome d’Issak ne fait pas dans la dentelle en mettant en scène des batailles d’une intensité folle et superbement mises en oeuvre par un dessin certes de qualité inégale mais retranscrivant avec brio la puissance des combats. L’intrigue, prometteuse et accrochante, pâtit également de cette abondance d’affrontement et le pauvre Issak se voit pour l’instant cantonné au rôle de renfort de luxe d’une forteresse locale prise d’assaut par les espagnols. Prévu pour le 3 mai prochain, le second volume devrait nous permettre d’en savoir un peu plus.
[review]
1620. L’Europe est déchirée par une guerre qui oppose catholiques et protestants. Dans la forteresse de Fuchsburg, en Allemagne, des réfugiés affluent de toute la région. Parmi eux se trouve Issak, un guerrier hors pair au talent de tireur inégalé. Avec ses longs cheveux noirs, ses yeux bridés, son sabre et son imposant fusil, il ne passe pas inaperçu…
Venu du Japon, il combat comme mercenaire aux côtés des protestants. En réalité, il n’a qu’un but : laver l’honneur de son maître assassiné. Le meurtrier se serait mis au service des catholiques, et Issak parcourt les champs de bataille pour le retrouver ! Mais cette fois, la situation est désespérée : cernée par l’ennemi, Fuchsburg semble vouée à la destruction… Le samouraï errant parviendra-t-il à changer le cours de l’histoire ?
Issak est édité chez Ki-oon et est vendu au prix de 7,90€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.