Plus qu’une histoire, c’est un véritable voyage que propose Kenji Tsuruta avec L’île errante. Un périple tout d’abord visuel et merveilleusement mis en valeur par le grand format proposé par la collection « Latitudes » de Ki-oon.
Nous voilà plongé dans le Pacifique au large de Tokyo, entre les îles Oshima, Ogasawara et Hahajima. Mikura Amelia est une pilote d’hydravion et s’occupe d’effectuer des livraisons entre ces îles éloignées de la capitale. Après le décès de son grand-père, la jeune fille va découvrir dans ses affaires une lettre destinée à une certaine Mme Amelia et habitant sur une mystérieuse île nommée Electriciteit. Seul problème, celle-ci n’apparaît sur aucune carte ! Rien qui ne saurait rebuter la jeune fille de délivrer coûte que coûte cette lettre et de partir à la recherche de cette île qui semble apparaître comme par enchantement au fil du temps.
L’île Errante n’est pas une oeuvre qu’on lit pour suivre une histoire haletante et riche en émotions. A vrai dire, il ne se passe pas énormément de choses dans les 192 pages que comptent ce premier tome, le manga se focalisant sur la jeune fille et ses états d’âme face à cette quête qui l’amène à s’isoler petit à petit de son quotidien. Un rythme calme, contemplatif, qui permet de profiter pleinement des magnifiques dessins de Kenji Tsuruta. Car L’île Errante est avant tout une oeuvre d’art visuelle qui s’admire lentement. Page par page, case par case. Le grand format proposé par Ki-oon permet de profiter pleinement de ces dessins à la fois épurés et fouillis, vierges de toute onomatopée et à peine recouverts de quelques lignes de dialogues. Pouvant à la fois proposer des plans magnifiques tenant sur une page double, l’auteur arrive également à fournir des dessins extrêmement détaillés que ce soit pour des éléments architecturaux ou mécaniques.
Un merveille graphique qui permet de sublimer un récit tout en finesse avec une histoire distillant petit à petit ses éléments et rendant le lecteur curieux de découvrir le secret se cachant derrière cette île. On pourra tout de même relever une narration qui pourra sembler par moments décousue et il n’est pas rare de faire des retours en arrière pour se remettre en mémoire les liens entre les différents personnages. Un travers bien mineur sachant que l’on revient régulièrement en arrière afin de profiter une nouvelle fois d’un décor majestueux ou d’un plan en apparence banale sur l’hydravion de Mikura. De toute façon, L’île Errante est un manga que l’on aura l’occasion de parcourir plus d’une fois tant son rythme de parution est espacé. Après des débuts en 2011, le second tome vient à peine de sortir au Japon, soit sept années d’attente entre les deux volumes. On a beau prendre son temps pour savourer chaque page, on aimerait tout de même qu’on puisse profiter d’un tel festin plus fréquemment.
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Mikura Amelia est une des rares pilotes à s’occuper des livraisons entre les îles éloignées de la préfecture de Tokyo. À bord de son hydravion, elle est un lien précieux entre les villages de pêcheurs et connaît la mer environnante comme sa poche.
Élevée par son grand-père, elle se retrouve seule après sa mort, avec pour seul héritage sa maison et ses affaires personnelles. Mikura y découvre une pile de carnets de notes et un courrier adressé à une Mme Amelia, sur l’île d’Electriciteit. Sauf que cette île n’existe sur aucune carte ! Certains affirment l’avoir vue apparaître tout à coup au milieu de la mer et disparaître aussi vite, comme par enchantement…
Réalité ou illusion ? Peu importe ! Mikura décide de reprendre le flambeau de son grand-père : elle se donne pour mission de retrouver l’île et de livrer le mystérieux courrier coûte que coûte !
L’Île errante est édité chez Ki-oon, collection « Latitudes », et est vendu au prix de 15€.
Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.