Pour célébrer ses 20 ans, Pika Edition a décidé de (re)sortir de son chapeau Chobits, manga historique de Clamp fêtant lui aussi ses 20 ans cette année. Déjà réédité en 2011 dans une édition double, le titre revient cette fois dans une édition simple agrémentée de quelques ajouts dont une traduction totalement refaite. Une belle occasion pour découvrir, ou redécouvrir, un manga qui reste pleinement d’actualité dans son propos.


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À une époque où la technologie s’invite désormais dans tous les foyers sous la forme de “Personal Computers”, Hideki rêve lui aussi de disposer de l’un d’entre eux. Seulement, difficile pour le jeune étudiant fauché qu’il est de s’en procurer un ! La chance lui sourit le soir où il découvre un ordinateur jeté aux ordures, arborant les traits d’une splendide jeune fille. Problème : elle ne sait dire que “chii” ! Mais loin d’être cassé, ce PC dispose en fait d’un potentiel dont Hideki n’a pas idée et que beaucoup convoitent…

Chobits est édité chez Pika Edition et est vendu au prix de 8,20€.

Critique réalisée à partir d’un exemplaire fourni par l’éditeur.


« Les androïdes rêvent-ils de mouton électrique ? ». Le titre de ce roman de science-fiction écrit par Philip K. Dick en 1966 pourrait résumer à lui seul le propos de Chobits, manga en huit volumes et prépublié au Japon entre 2000 et 2002 dans Young Magazine. Pourtant sorti au tournant des années 2000, une époque où télécharger un MP3 prenait une journée et où le must-have du téléphone mobile était le Nokia 3310, le titre dessiné par le collectif Clamp avait en lui quelque chose de visionnaire dans sa manière d’aborder la relation entre l’homme et la machine. Pourtant sorti 7 ans avant le premier iPhone et grosso modo 10 ans avant l’explosion du smartphone, Chobits anticipait effet déjà la relation « fusionnelle » que nous avons désormais avec ces outils devenus quasiment indispensables en nous plongeant dans un monde où les « Personnal Computers », sorte d’assistant personnel informatique, prennent la forme de robots humanoïdes.

Si l’on conçoit mal de développer une relation sentimentale avec son smartphone ou son ordinateur portable (quoique, pour certains…), qu’en serait-il si ces outils avaient forme humaine ? En prenant les traits d’une (jolie) fille, le « Personnal Computer » de Hideki, que ce dernier a baptisé « Chii » comme le seul son qu’elle était capable de dire dans un premier temps, nous amène à réfléchir une nouvelle fois sur une problématique récurrente dans les œuvres de science-fiction, celle de ce qui est humain et non-humain ainsi que de la possibilité pour les machines de développer des sentiments. Et vice-versa. Des questions que l’on pouvait classer dans la catégorie « anticipation » il y a deux décennies mais qui deviennent de plus en plus concrètes à mesure que la robotique se développe et, surtout, l’Intelligence Artificielle.

Toujours actuel dans son propos, si ce n’est encore plus, Chobits l’est également dans sa forme même si le dessin fait immédiatement comprendre que l’on n’est pas devant une oeuvre née en 2020. Seuls les arrière-plans, résolument vides, sont à porter au déficit de ce manga où tous les efforts ont été portés sur les personnages et plus particulièrement sur Chii, terriblement kawai. A noter enfin le beau travail de Pika Edition pour cette nouvelle édition avec une toute nouvelle traduction, des couvertures totalement retravaillées ainsi que l’intégration des pages en couleurs apparues avec l’édition double de 2011.